
Mardi 23 octobre 2007 à 10h45
BAGDAD, 23 oct 2007 (AFP) — Le ministre turc des Affaires Etrangères Ali Babacan a entamé mardi à Bagdad des tractations pour éviter le recours à la force par Ankara contre des rebelles kurdes qui ont trouvé refuge dans le nord de l'Irak.
M. Babacan doit avoir des entretiens avec le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, le président Jalal Talabani et son homologue irakien Hoshyar Zebari.
Cette visite intervient alors que la Turquie a menacé de conduire des incursions militaires dans le Kurdistan irakien frontalier, pour y éliminer des bases de rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatiste), en lutte contre le pouvoir central à Ankara depuis 1984.
Cette tension inquiète les Etats-Unis qui craignent qu'une intervention turque, autorisée le 17 octobre par le Parlement turc, ne déséquilibre une des rares régions d'Irak relativement épargnée par la violence.
Lundi, le président George W. Bush a appelé son homologue Abdullah Gül afin de l'assurer de l'engagement américain à coopérer avec la Turquie pour combattre les rebelles kurdes.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a même évoqué l'éventualité d'une opération militaire conjointe de la Turquie et des Etats-Unis contre les repaires des séparatistes kurdes de Turquie.
Lundi soir, le PKK a annoncé toutefois qu'il était disposé à respecter un cessez-le-feu si l'armée turque renonçait à ses projets d'incursion et si l'Etat turc respectait les droits politiques et culturels de la minorité kurde en Turquie.
"Nous sommes prêts à observer un cessez-le-feu si l'armée turque arrête d'attaquer nos positions, abandonne ses projets d'incursion et s'engage à la paix", a indiqué le PKK dans une déclaration sur un site internet.
Au Koweït où il était en visite, M. Babacan a assuré lundi que son pays chercherait à résoudre par le dialogue le problème des séparatistes kurdes avant d'envoyer des troupes en Irak.
Ces tentatives pour trouver un compromis suivent une embuscade du PKK dimanche dans laquelle 12 soldats turcs ont été tués, et huit faits prisonniers, et qui a fait augmenter la crainte d'une riposte militaire turque.
Le président Bush a également eu des entretiens distincts avec le Premier ministre irakien et ils sont convenus "d'empêcher le PKK de se servir d'une partie quelconque du territoire irakien pour projeter ou mener des attaques terroristes".
Ankara a demandé au pouvoir central à Bagdad d'agir pour empêcher que le PKK ne lance des opérations à partir du Kurdistan irakien, mais l'armée de Bagdad n'est pas déployée dans cette région qui est sous le contrôle des autorités régionales kurdes.
La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a appelé l'Irak et le gouvernement autonome du Kurdistan irakien à prendre "des mesures immédiates" pour mettre un terme aux opérations du PKK à partir du nord de l'Irak. Elle a aussi été en contact avec le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani.
Dans un entretien publié par le Times, M. Erdogan avait accusé les Etats-Unis d'immobilisme face au PKK. "(...) Dans le nord de l'Irak, nous sentons que l'organisation terroriste et l'administration locale (le gouvernement kurde) s'abritent derrière l'Amérique".
Selon le quotidien Chicago Tribune citant de hauts responsables américains, les Etats-Unis pourraient envisager des frappes aériennes contre les rebelles kurdes pour éviter une intervention turque contre le PKK.
Le PKK, créé en 1978, a lancé en 1984 sa lutte armée pour la création d'un Etat kurde indépendant dans le Sud-Est anatolien. Il a intensifié ses opérations après avoir mis fin en 2006 à une trêve unilatérale. Selon un bilan officiel, les violences liées au conflit ont fait plus de 37.000 morts.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.