Mercredi 14 avril 2021 à 21h57
Erbil (Irak), 14 avr 2021 (AFP) — Une roquette a visé mercredi soir l'aéroport d'Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, où sont stationnés des soldats américains, dernier épisode des tensions irano-américaines en Irak, pris en étau entre ses deux alliés.
L'explosion, qui n'a jusqu'ici pas été revendiquée, a été entendue par des journalistes de l'AFP dans différents quartiers d'Erbil.
"Elle n'a fait ni victime ni dégât", a précisé à l'agence officielle irakienne le gouverneur d'Erbil Omed Khoshnaw.
En soirée, un cordon de sécurité bloquait tous les accès à l'aéroport, ont rapporté des témoins sur place. Mais le gouverneur a assuré que les liaisons aériennes n'étaient pas interrompues.
Le 15 février, les factions irakiennes pro-Iran avaient été pointées du doigt pour une attaque similaire: une salve de roquettes avait fait deux morts et plusieurs blessés irakiens et étrangers, dont des sous-traitants civils travaillant pour la coalition internationale antijihadistes emmenée par Washington.
A l'époque, un groupe obscur, "Les Gardiens du sang", avait revendiqué l'attaque. Ce groupe, un faux-nez des factions pro-Iran existant depuis des années en Irak et désormais intégrées à l'Etat, a de nouveau fait son apparition mercredi soir sur des chaînes Telegram proches des pro-Iran, se félicitant de l'explosion à Erbil.
Le ministère de l'Intérieur du Kurdistan, autonome depuis 1991 et qui compte cinq millions d'habitants, a indiqué ouvrir immédiatement une enquête.
- Attaques dans le sud -
Le contre-terrorisme kurde n'évoque qu'une seule roquette tombée sur l'aéroport, où se trouve une base aérienne abritant des troupes de la coalition.
Mais une source de sécurité irakienne a affirmé à l'AFP que d'autres roquettes s'était écrasées dans les alentours, l'une d'elle visant notamment des troupes turques, postées depuis un quart de siècle dans une dizaine de bases à travers le Kurdistan.
Plus tôt dans la journée, deux bombes ont explosé au passage de convois logistiques irakiens transportant des équipements pour la coalition internationale dans les provinces de Zi Qar et Diwaniya, dans le sud de l'Irak, selon des sources de sécurité.
Au total, une vingtaine d'attaques, à la bombe ou à la roquette, ont visé des bases abritant des soldats américains ou des représentations diplomatiques américaines depuis l'arrivée au pouvoir fin janvier de Joe Biden. Et avant celles-ci, des dizaines d'autres avaient eu lieu en plus d'un an et demi.
Il y a une semaine, la nouvelle administration américaine a repris un "dialogue stratégique" par visioconférence avec le gouvernement irakien de Moustafa al-Kazimi, régulièrement menacé par les factions armées pro-Iran.
A l'issue de la première journée de discussions, les pro-Iran ont multiplié les déclarations guerrières, promettant plus d'attaques encore pour déloger les soldats de "l'occupant" américain --comme le réclame un vote au Parlement depuis plus d'un an.
De nouveau, mercredi soir, le porte-parole d'al-Noujaba, l'une des factions les plus radicales du pays, qualifiait de "danger" les "forces d'occupation et l'ambassade (américaine) qui contrôle l'Irak, ses ressources et ses décisions".
Ennemis jurés, la République islamique d'Iran et les Etats-Unis ont tous deux une présence ou des alliés en Irak.
Washington y déploie quelque 2.500 militaires et l'Iran a entre autres le soutien du Hachd al-Chaabi, coalition de paramilitaires désormais intégrée aux troupes régulières.
A chaque attaque meurtrière, Washington menace de faire "le nécessaire" et promet de faire payer le prix fort à l'Iran.
En janvier 2020, une telle spirale avait failli dégénérer en conflit ouvert en Irak, après qu'un drone américain avait tué le général iranien Qassem Soleimani à Bagdad, en riposte à la mort d'Américains en Irak.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.