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Tensions avant un entretien vendredi entre Erdogan et les chefs de l'UE


Jeudi 18 mars 2021 à 17h07

Bruxelles, 18 mars 2021 (AFP) — Bruxelles a mis en garde Ankara sur les violations des droits fondamentaux, avant une visio-conférence vendredi entre les chefs des institutions européennes et le président Recep Tayyip Erdogan sur l'état des relations UE-Turquie, sujet du sommet européen des 25 et 26 mars.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a condamné jeudi le recul des droits fondamentaux en Turquie et mis en garde contre l'interdiction du Parti démocratique des peuples (HDP, pro-Kurde), deuxième plus grand parti d'opposition du pays.

Le procureur de la Cour de cassation turque a engagé une action en justice pour demander la fermeture du HDP. Cette initiative "ajoute aux préoccupations de l'UE concernant le recul des droits fondamentaux en Turquie et sape la crédibilité de l'engagement déclaré des autorités turques en faveur des réformes", a averti M. Borrell.

Le chef de la diplomatie allemande Heïko Maas a pour sa part dénoncé une "remise en cause de l'Etat de droit" en Turquie avec la répression exercée par Ankara sur le HDP. Les Etats-Unis ont également mis en garde le pouvoir en Turquie contre une interdiction qui "saperait" la démocratie.

"Les présidents de la Commission européenne Ursula von der Leyen et du Conseil européen Charles Michel s'entretiendront demain (vendredi) par visioconférence avec le président turc Recep Tayyip Erdogan pour faire le point de la relation entre l'UE et la Turquie en vue du sommet européen" des 25 et 26 mars, ont annoncé les porte-parole des deux institutions.

"La relation avec la Turquie reste difficile. Des signes positifs ont été constatés en Méditerranée orientale, mais le comportement d'Ankara continue de poser des problèmes et reste une source de préoccupation", a expliqué un responsable européen.

Un déplacement des présidents des institutions européenne à Ankara a été envisagé, mais les conditions ne sont pas encore réunies, selon un diplomate.

Josep Borrell prépare un rapport sur l'état de la relation avec la Turquie pour le sommet européen.

"Le sujet sera discuté lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères lundi prochain à Bruxelles et les positions des Etats membres permettront à M. Borrell de mettre la touche finale à ses recommandations", a indiqué jeudi le responsable européen.

"La Turquie est un partenaire particulier pour l'UE, car elle est candidate à l'adhésion", a-t-il souligné.

Les relations entre Bruxelles et Ankara ont été très tendues tout au long de l'année 2020 à causes d'activités jugées "agressives" en Méditerranée orientales et de l'implication de la Turquie dans les conflits en Syrie, en Libye et au Nagorny-Karabakh.

Le président turc a montré une volonté d'apaisement fin 2020 après un sommet européen au cours duquel les dirigeants de l'UE ont décidé de sanctionner certains agissements du pays.

"Nous observons une absence de signaux négatifs depuis le début de l'année, mais personne n'est naïf, car plusieurs facteurs expliquent ce comportement: le changement de président aux Etats-Unis, la fragilité de l'économie turque et les conséquences des possibles sanctions européennes", a expliqué un diplomate européen à l'AFP.

"L'UE doit reconnaître les signes positifs et les encourager avec une ouverture graduelle sur les relations économiques, l'union douanière et le dialogue politique. Mais elle doit rester vigilante. Si la situation vient à se dégrader à nouveau entre la Grèce et la Turquie ou sur Chypre ou sur d'autres sujets, il faudra repartir dans l'autre sens", a-t-il prévenu.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.