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Téhéran riposte à la capture d'un Iranien, ferme sa frontière au Kurdistan


Lundi 24 septembre 2007 à 13h58

SOULEIMANIYEH (Irak), 24 sept 2007 (AFP) — Téhéran a mis sa menace à exécution et fermé lundi sa frontière avec le Kurdistan irakien, après l'arrestation par les Américains d'un Iranien accusé de trafic d'armes.

Cette capture, survenue le 20 septembre, est devenue une source de tension entre le gouvernement irakien, qui a demandé la libération du ressortissant iranien, et les responsables américains, qui le considèrent comme un agent de Téhéran.

Téhéran assure que Mahmoudi Farhadi était en mission commerciale officielle et a mis en garde contre l'impact négatif que sa détention aurait sur le commerce transfrontalier, qui pèse un milliard de dollars par an.

"Les cinq postes-frontières entre l'Iran et la région du Kurdistan ont été fermés par les autorités iraniennes", a déclaré à l'AFP le porte-parole du gouvernement de la région autonome du Kurdistan irakien, Jamal Abdallah.

"Les Kurdes payent le prix de ce que les Américains ont fait. Nous ne sommes pas responsables. Nous n'avons rien à voir avec cette affaire", a-t-il ajouté.

Le gouverneur de la province iranienne du Kurdistan, Esmaïl Najar, a confirmé cette mesure: "nous avons fermé la frontière et nous espérons que les responsables irakiens agiront le plus rapidement possible pour faire libérer notre collaborateur".

Les Etats-Unis se sont refusés à libérer Mahmoudi Farhadi, comme l'avaient demandé le président irakien Jalal Takabani et le président de la région kurde, Massoud Barzani.

Le porte-parole militaire américain à Bagdad, le contre-amiral Mark Fox, a réaffirmé que l'homme arrêté à Souleimaniyeh, à 330 km au nord de Bagdad, était un agent responsable de la livraison d'armes sophistiquées à des rebelles irakiens.

Il a notamment accusé l'Iran de fournir des missiles sol-air Misagh-1, capables d'abattre des hélicoptère ou des avions américains.

"Les Iraniens livrent des RPG 29, des pièges explosifs pénétrants, des roquettes de 240 mm et des Misagh-1", a déclaré l'amiral Fox.

Selon l'armée américaine, l'homme arrêté est un officier du Corps Ramazan, un département de la brigade al Qods --unité d'élite des Gardiens de la révolution iraniens-- chargé des opérations en Irak.

Les autorité iraniennes ont démenti cette version et assuré que Mahmoudi Farhadi était un officiel de la province de Kermanshah, dans l'ouest de l'Iran, chargé de développer le commerce entre cette région et le Kurdistan irakien.

M. Talabani avait exigé sa libération "immédiate", afin de "maintenir les bonnes relations entre la région du Kurdistan et l'Iran, et pour la prospérité de la région du Kurdistan".

Lundi, le ministre du commerce du Kurdistan Mohammed Raouf a exprimé son mécontentement devant la presse: "le commerce du Kurdistan va être affecté négativement, parce qu'un milliard de dollars de marchandise arrivent chaque année vers l'Irak."

Le 20 septembre, le gouverneur de la province de Kermanshah, Abdel Majid Ghafori, avait menacé de "suspendre" les relations avec le Kurdistan irakien si M. Farhadi n'était pas libéré promptement.

Washington accuse régulièrement Téhéran de soutenir les milices chiites qui combattent l'armée américaine, en leur fournissant notamment des engins piégés à charge creuse, capables de percer les blindages. L'Iran a toujours rejeté ces accusations.

Le 28 août, l'armée américaine avait détenu quelques heures dans un grand hôtel de Bagdad un groupe d'Iraniens travaillant pour le ministère irakien de l'Energie.

Les forces américaines détiennent toujours cinq Iraniens appréhendés le 11 janvier au Kurdistan irakien et accusés d'aider les insurgés. Téhéran affirme qu'il s'agit de diplomates.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.