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Talabani refuse de céder aux exigences d'Ankara sur les chefs du PKK


Dimanche 21 octobre 2007 à 18h28

ERBIL (Irak), 21 oct 2007 (AFP) — Le président irakien Jalal Talabani a rejeté dimanche l'éventualité d'une remise aux autorités turques des chefs du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatiste) réfugiés au Kurdistan, comme l'a exigé Ankara.

Il a toutefois exhorté le groupe rebelle à renoncer à lancer des opérations militaires contre la Turquie à partir du nord de l'Irak, propres à provoquer des ripostes turques.

Auparavant, le Parlement irakien avait exprimé la même exigence dans une motion condamnant les menaces turques d'intervention armée pour chasser les combattants du PKK, qui livrent une guerre qui a fait 37.000 morts depuis 1984.

Les députés ont également appelé le gouvernement irakien à prendre "les mesures appropriées" pour mettre fin aux opérations du PKK.

La pression sur les autorités de la région autonome du Kurdistan irakien et sur le pouvoir central en Irak a augmenté après une embuscade rebelle dimanche qui a tué douze soldats turcs près de la frontière avec l'Irak, selon l'Etat-major de l'armée turque.

Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'UE et les Etats-Unis, a annoncé également qu'il détenait des soldats turcs prisonniers après ces affrontements, qui ont fait 23 morts dans les rangs des rebelles, selon l'armée turque.

Le ministre turc de la Défense, Vecdi Gönül, en visite à Kiev, a toutefois démenti que des otages turcs soient aux mains des rebelles.

Lors d'une conférence commune avec le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, à Erbil (nord), le président Talabani, a déclaré: "remettre les chefs du PKK à la Turquie est un fantasme qui ne se réalisera jamais".

Il a souligné que les combattants du PKK --estimés à 3.500-- sont retranchés dans des zones montagneuses et difficiles d'accès.

Ils évoluent dans des massifs frontaliers dont les abords sont contrôlés par les forces du Kurdistan irakien, eux-mêmes des peshmergas, parfaitement entraînés aux combats en montagne.

"Malgré sa puissance, l'armée turque ne peut pas les annihiler ou les arrêter. Alors comment pourrions-nous les arrêter et les livrer à la Turquie?", a demandé M. Talabani.

Mais, a-t-il ajouté, "s'ils veulent continuer le combat, ils doivent quitter le Kurdistan et ne pas créer de problèmes. Ils doivent retourner dans leur pays et faire ce qu'ils veulent".

Vendredi, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, avait appelé le gouvernement irakien à obtenir la fermeture des camps du PKK au Kurdistan irakien, et à lui remettre ses "leaders terroristes".

Ankara brandit la menace d'une incursion dans le nord de l'Irak pour en éliminer les bases des rebelles qui mènent des opérations meurtrières contre l'armée turque.

La dernière, dimanche, est survenue quatre jours après la décision du parlement turc d'autoriser ces incursions militaires.

M. Barzani, a averti que les Kurdes irakiens défendraient leur territoire "contre toute attaque". Mais à Kiev, Vecdi Gönül a indiqué qu'aucune action militaire n'est prévue "de façon urgente".

M. Barzani a également souligné que "si les Turcs proposent une solution politique acceptable et que le PKK refuse, alors nous considérerons le PKK comme une organisation terroriste".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.