Dimanche 30 avril 2006 à 22h56
BAGDAD, 30 avr 2006 (AFP) — Le président irakien, le Kurde Jalal Talabani, a estimé possible un accord avec sept groupes armés pour tenter de mettre fin à la violence endémique dans le pays après avoir rencontré leurs représentants.
"J'estime qu'il est possible de parvenir à un accord avec sept groupes armés", a déclaré M. Talabani, selon un communiqué de la présidence dimanche.
Selon lui, des représentants de ces groupes lui ont rendu visite. "Je les ai reçus", a-t-il dit sans préciser la date ni de quels groupes il s'agissait.
"Nous souhaitons dialoguer avec eux afin qu'ils rejoignent le processus politique", a encore souligné le chef de l'Etat. "Les Américains sont entrés en contact avec certains de ces groupes avec ma bénédiction".
Il a aussi accusé la Syrie voisine d'être "la principale source de la rébellion" en Irak, toujours selon le communiqué.
De nombreux responsables irakiens et américains ont plusieurs fois accusé la Syrie de soutenir la rébellion en Irak en laissant filtrer à travers ses frontières des combattants étrangers.
Les responsables militaires américains classent en trois catégories les groupes rebelles en Irak: les combattants étrangers dirigés par Al-Qaïda, les groupes loyaux au président déchu Saddam Hussein et ceux qui s'opposent à l'occupation américaine.
M. Talabani a appelé à plusieurs reprises les groupes rebelles à se joindre au processus politique, notamment après la participation des Arabes sunnites aux élections législatives de décembre 2005.
Au niveau politique, les tractations se sont poursuivies dimanche pour la formation d'un gouvernement d'union nationale.
"Il reste un problème à résoudre, l'attribution d'un poste de vice-Premier ministre, que se disputent la liste de (l'ancien Premier ministre chiite) Iyad Allaoui et le Front de la concorde (sunnite)", a déclaré à l'AFP le député chiite indépendant Hussein al-Chahristani.
"Il faut que ce siège revienne à la liste d'Allaoui" qui a obtenu 25 sièges sur 275 au Parlement lors des élections de décembre, a affirmé le député.
Au contraire, le porte-parole du Front de la Concorde, la principale coalition sunnite, Zhafer al-Ani, a affirmé que sa formation "a insisté pour obtenir le poste de vice-Premier ministre, en charge du dossier de la sécurité". "Les régions où il y a des troubles en Irak sont toutes des zones sunnites, c'est pourquoi nous insistons pour obtenir ce poste", a-t-il dit.
Pour sa part, le courant du chef chiite radical Moqtada Sadr, qui a 30 élus au sein de l'Alliance unifiée irakienne (AUI, 128 sièges) a revendiqué cinq ministères, sur la trentaine que devrait compter le nouveau gouvernement.
Selon une source proche du Premier ministre désigné Nouri al-Maliki, le prochain gouvernement ne devrait pas être présenté avant le 10 mai. M. Maliki, désigné le 22 avril, a un mois pour former son gouvernement.
Le Parlement irakien doit se réunir à nouveau le 3 mai pour la création de deux commissions, l'une chargée d'étudier les amendements éventuels à la Constitution et l'autre d'adopter le règlement intérieur de la Chambre.
Par ailleurs, Bagdad a accusé l'Iran d'avoir pénétré à l'intérieur du territoire irakien et d'y avoir bombardé des positions d'un groupe proche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatistes kurdes turcs).
"Les forces iraniennes ont bombardé au cours des dernières 24 heures les positions du PKK près de Haj Omran, dans la province d'Erbil (nord), et pénétré de 5 km à l'intérieur du territoire irakien à l'occasion de ces attaques", a indiqué le ministère irakien de la Défense dans un communiqué.
Téhéran et Ankara ont passé un accord appelant l'Iran à combattre le PKK et la Turquie à lutter contre les Moudjahidine du peuple, un groupe armé d'opposition iranien basé en Irak.
Enfin, la violence n'a pas connu de répit. Sept personnes, dont trois policiers, ont été tuées et seize blessées au cours de plusieurs attaques.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.