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Talabani à Ankara après la fin de l'offensive turque


Vendredi 7 mars 2008 à 15h51

ANKARA, 7 mars 2008 (AFP) — Le président irakien Jalal Talabani est arrivé vendredi à Ankara pour une visite de deux jours destinée à remettre sur les rails les relations entre les deux voisins, une semaine après la fin de l'offensive turque contre les rebelles kurdes dans le nord de l'Irak.

M. Talabani, accompagné de plusieurs ministres, a été accueilli à sa descente d'avion par le vice-Premier ministre Cemil Cicek.

Il devait s'entretenir dans la foulée avec son homologue Abdullah Gül, avant une conférence de presse conjointe prévue en début de soirée à la présidence.

La Turquie voit dans ce voyage une occasion pour "tourner la page" dans les liens bilatéraux, empoisonnés par des déclarations des dirigeants turcs qui accusent les Kurdes d'Irak de tolérer, voire soutenir, les agissements sur leur territoire du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

M. Talabani, un Kurde, se rend pour la première fois en Turquie en tant que chef d'Etat et son déplacement intervient juste une semaine après la fin d'une vaste incursion des forces turques dans les montagnes du Kurdistan irakien, une opération qui a provoqué l'inquiétude de Washington>.

Les Etats-Unis, comme la Turquie, considèrent le PKK comme une organisation terroriste et fournissent du renseignement à Ankara pour combattre la rébellion kurde.

Mais l'offensive menée du 21 au 29 février par l'armée turque contre des positions du PKK a placé Washington dans une situation délicate vis-à-vis de son allié irakien.

Après un appel du président George W. Bush à mettre fin le plus vite possible à l'offensive, la Turquie s'est retirée du nord de l'Irak, tout en se réservant la possibilité de revenir si elle le jugeait nécessaire.

"Cette opération est un message qui indique combien nous sommes déterminés" à empêcher le PKK d'utiliser le nord de l'Irak comme un sanctuaire", a indiqué Murat Ozcelik, l'émissaire spécial de la Turquie pour l'Irak sur la chaîne d'information NTV.

L'administration de Bagdad a reconnu la menace que représente le PKK pour la Turquie et "cela nous donne une occasion de retourner à la diplomatie", a souligné le diplomate.

Le président turc Abdullah Gül avait invité son homologue à Ankara le 21 février, quelques heures après le déclenchement de l'offensive turque contre les bases du PKK dans le nord de l'Irak, utilisées par les rebelles pour mener des attaques en territoire turc.

"Les relations entre la Turquie et l'Irak gagneront un nouvel élan. Nous entrerons dans une nouvelle période et une nouvelle page sera tournée", a encore dit M. Ozcelik.

Les craintes turques provoquées par les ambitions des Kurdes d'Irak de créer un Etat indépendant ont également porté un coup aux relations entre les deux voisins. Ankara redoute, dans cette éventualité, un phénomène de contagion chez les Kurdes de Turquie, majoritaires dans le sud-est du pays.

Ces préoccupations avaient poussé l'ancien président turc Ahmet Necdet Sezer, qui a quitté le pouvoir en août, à refuser d'inviter M. Talabani à Ankara, malgré l'augmentation des échanges commerciaux entre Ankara et Bagdad.

Cette fois encore, la visite du président irakien n'est pas "officielle" mais "de travail", ce qui signifie un degré moindre dans le protocole.

Samedi, le président irakien doit déjeuner avec le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et s'entretenir avec des représentants de la communauté d'affaires turco-irakienne. Les entretiens doivent être particulièrement axés sur les moyens de renforcer la coopération énergétique.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.