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Syrie: Washington annonce des renforts sur les champs pétroliers, les Russes patrouillent


Vendredi 25 octobre 2019 à 01h46

Washington, 24 oct 2019 (AFP) — Les Etats-Unis ont annoncé jeudi l'envoi de renforts militaires pour protéger les champs pétroliers de l'est syrien, après leur retrait de zones frontalières avec la Turquie qui avait laissé le champ libre à l'opération militaire d'Ankara contre les forces kurdes, aujourd'hui forcées de quitter des positions qu'elles tenaient depuis des années.

"Les Etats-Unis sont déterminés à renforcer leurs positions, en coopération avec nos partenaires des FDS, avec des renforts militaires", a indiqué un responsable militaire, sans préciser l'ampleur du dispositif prévu.

Malgré le retrait américain du nord, les Forces démocratiques syriennes (FDS) --la coalition arabo-kurde sur laquelle Washington s'est appuyée dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI)-- coopèrent encore avec les Etats-Unis dans la province de Deir Ezzor (est), non loin de la frontière irakienne, où se trouvent les plus grands champs pétroliers du pays. Quelque 200 soldats américains y sont encore postés.

"L'objectif est d'empêcher ces champs pétroliers de tomber entre les mains de l'EI ou d'autres groupes déstabilisateurs", a ajouté ce responsable ayant requis l'anonymat. "Nous devons interdire à l'EI cette source de revenus pour prévenir toute résurgence" du groupe jihadiste.

Le président américain Donald Trump avait dit mercredi qu'un "petit nombre de soldats" américains resterait en Syrie, "dans les zones où il y a du pétrole". Il a précisé que le chef des FDS, Mazloum Abdi, l'avait remercié et s'était montré "extrêmement reconnaissant".

- Patrouilles russes -

Les forces kurdes, dont les rêves d'autonomie ont été anéantis, ont quitté jeudi des positions tenues de longue date près de la frontière turque. L'armée russe continuait de son côté les patrouilles, en vertu d'un accord russo-turc conclu mardi, qui prévoit un retrait kurde et un contrôle commun d'une large partie de la frontière turco-syrienne.

Déjà actives dans la ville de Kobané, des forces russes ont été vues par un photographe de l'AFP quitter Qamichli, plusieurs centaines de km plus à l'est, pour entamer des patrouilles dans cette zone.

Selon Moscou, une patrouille de la police militaire russe a eu lieu sur "un nouvel itinéraire" de plus de 60 km.

Allié de Moscou, le régime syrien de Bachar al-Assad a également déployé ses troupes dans la zone, l'accord russo-turc permettant à l'armée syrienne de reprendre un territoire où se trouvent des puits de pétrole et des zones agricoles fertiles.

C'est une offensive sanglante lancée le 9 octobre par la Turquie dans le nord syrien qui a poussé les forces kurdes à s'éloigner de sa frontière. L'assaut a été interrompu pour permettre aux YPG (Unités de protection du peuple, milice kurde) de se retirer de leurs positions frontalières.

L'accord turco-russe avait été précédé d'un accord entre Ankara et Washington prévoyant le retrait des YPG sur une zone de 120 km, respecté par les Kurdes. Les forces turques contrôlent désormais cette zone mais souhaitent le départ de cette milice sur l'ensemble des 440 km.

M. Erdogan a menacé de prendre "toutes les mesures nécessaires" si l'accord de retrait des YPG n'était pas respecté.

Il a aussi appelé les Etats-Unis à livrer Mazloum Abdi à son pays, le qualifiant de "terroriste".

- "Discussion musclée" -

A Bruxelles, une réunion des ministres de la Défense de l'OTAN, dont la Turquie fait partie, a donné lieu à "une discussion musclée", mais il n'est "pas question" pour l'Alliance de "perdre" un allié stratégique en l'humiliant avec une mise en accusation, selon un diplomate.

Les Etats-Unis s'inquiètent de voir un "bon allié tourner sur l'orbite de la Russie plutôt que sur l'orbite de l'Otan", a dit le chef du Pentagone Mark Esper.

La ministre allemande a elle défendu son idée de créer, sous l'égide de l'ONU, une zone de protection internationale dans le nord de la Syrie. Cette initiative, accueillie avec scepticisme par la communauté internationale, a reçu le soutien du chef des FDS.

L'offensive d'Ankara a chassé quelque 300.000 civils kurdes qui ont désormais très peu de chances de pouvoir rentrer chez eux, selon l'OSDH.

Les Kurdes, qui avaient établi une autonomie dans le nord et le nord-est de la Syrie à la faveur du conflit syrien, s'inquiètent d'un déplacement forcé de populations impliquant le retour d'une partie des 3,6 millions de réfugiés syriens ayant fui en Turquie.

"L'objectif de la Turquie est de tuer, de chasser les Kurdes et de les placer sous occupation", a assuré à l'AFP un responsable kurde.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.