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Syrie: une alliance anti-EI s'empare de la vieille ville de Raqa


Vendredi 1 septembre 2017 à 18h36

Hassake (Syrie), 1 sept 2017 (AFP) — Une alliance arabo-kurde soutenue par Washington en Syrie a chassé vendredi le groupe Etat islamique (EI) de la vieille ville de Raqa, se rapprochant de la zone où sont retranchés les jihadistes dans le coeur densément peuplé de cette métropole du nord.

Entrées le 6 juin dans la "capitale" de facto de l'EI en Syrie, les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont désormais chassé les jihadistes de plus 60% de la cité qui était sous leur contrôle depuis 2014.

La bataille de la vieille ville avait débuté il y a deux mois.

"Nous avons pris aujourd'hui le contrôle de la totalité de la vieille ville après des combats contre l'EI", a affirmé vendredi Talal Sello, porte-parole des FDS.

"Nous sommes aux portes du périmètre de sécurité de l'EI dans le centre-ville, où se trouvent les principaux QG" de l'organisation extrémiste, a-t-il précisé.

Secteur historique, la vieille ville jouxte le quartier administratif dans le centre de Raqa.

Ce quartier administratif où se trouvent notamment l'ex-siège du gouverneur et les bâtiments qui abritaient les services de renseignements, est fortement sécurisé par les jihadistes qui s'y sont barricadés.

Les combattants de l'EI contrôlent toujours une partie du nord et du centre de Raqa, où selon l'ONU quelque 25.000 civils sont toujours pris au piège des combats.

Il resterait à Raqa environ un millier de jihadistes, selon Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG disposant d'un vaste réseau de sources dans le pays en guerre.

M. Sello s'est refusé à dire quand les FDS allaient pouvoir s'emparer de la totalité de Raqa, se bornant à déclarer que les opérations se déroulaient selon le "plan prévu".

La violence des combats a suscité des craintes pour le sort des civils bloqués dans la ville, l'ONG de défense des droits de l'Homme Amnesty International estimant qu'ils étaient pris au piège dans un "labyrinthe mortel".

-'Soulagement'-

En deux mois et demi, les FDS se sont emparées de plusieurs quartiers dans le sud, l'est et l'ouest de la ville, mais se heurtent toujours à une farouche résistance des jihadistes au fur et à mesure de leur progression vers le centre.

L'alliance arabo-kurde avait effectué début juillet sa percée dans la vieille ville de Raqa, aidée par les frappes de la coalition internationale antijihadistes menée par les Etats-Unis qui avaient ouvert deux brèches dans le mur de Rafiqah qui entoure ce secteur: une muraille datant du 8e siècle.

Le directeur général des Antiquités et Musées de Syrie, Maamoun Abdelkarim, a exprimé son "soulagement" après "la libération de la vieille ville", minimisant l'étendue des dégâts et se montrant confiant en ce qui concerne les opérations de restauration.

"Raqa était une des capitales de l'empire abbasside (750 - 1258), elle a beaucoup d'importance pour nous (...) les murailles sont les symboles de cette ville", a-t-il déclaré à l'AFP.

"Nous n'avons pas perdu ce vestige historique, le plus important de la vieille ville", a-t-il assuré.

L'EI s'est emparé en 2014 de cette ville située sur les bords de l'Euphrate dont il a fait sa capitale syrienne de facto. Raqa est devenue tristement célèbre en devenant le théâtre de certaines des pires atrocités commises par ce groupe extrémiste: décapitations publiques, emprisonnements arbitraires, tortures. La ville serait aussi un centre pour la planification d'attentats à l'étranger.

L'annonce de vendredi constitue un nouveau revers pour l'EI, confronté dans l'est de la Syrie à l'avancée des forces gouvernementales qui progressent vers la province de Deir Ezzor que les jihadistes contrôlent encore.

Et en Irak voisin, l'EI a perdu jeudi un de ses derniers bastions bastins, Tal Afar, quelques mois seulement après la métropole de Mossoul reconquise par les forces de sécurité de Bagdad.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.