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Syrie: un tribunal militaire condamne cinquante Kurdes à la prison


Lundi 15 septembre 2008 à 13h44

DAMAS, 15 sept 2008 (AFP) — Un tribunal militaire de Damas a condamné cinquante Kurdes ayant participé à une manifestation en 2005 à des peines de quatre à six mois de prison, a déclaré lundi une ONG, l'Organisation nationale des droits de l'homme en Syrie (ONDHS).

Les cinquante Kurdes avaient été arrêtés pendant deux mois puis relaxés. Ils avaient participé, à Qamichli dans le nord du pays, à une manifestation le 5 juin 2005 pour connaître la vérité sur la mort dans des circonstances controversées d'un influent ouléma kurde, Mohammad Maachouk Khaznaoui.

Ils ont été condamnés dimanche par le tribunal militaire à des peines de prison allant de quatre à six mois pour avoir "incité à des dissensions confessionnelles et raciales et à des conflits entre les différentes confessions et catégories de la nation", selon un communiqué de l'ONDHS qui a publié une liste nominative des condamnés.

Le président de l'organisation, Ammar Qorabi, a espéré que "ces citoyens seront innocentés s'ils font appel de leur jugement" et a souligné que "la constitution syrienne garantit les droits à manifester et à protester pacifiquement".

En 2005, les manifestants avaient réclamé la formation d'"une commission impartiale" composée notamment d'avocats kurdes pour enquêter sur la mort du cheikh Maachouk Khaznaoui, disparu le 10 mai 2005 à Damas et dont le gouvernement a ensuite annoncé la mort le 1er juin suivant.

Le gouvernement syrien avait dit avoir arrêté deux des cinq membres d'une "bande criminelle" qui aurait tué l'ouléma.

Agé de 46 ans, le religieux kurde était vice-président du Centre d'études islamiques à Damas et bénéficiait d'une grande popularité, y compris en dehors de sa communauté. Fervent défenseur des droits des Kurdes de Syrie, il avait critiqué avec virulence l'Etat syrien pour le traitement de la minorité kurde.

Estimés à plus de 1,5 million de personnes, les Kurdes de Syrie représentent environ 9% de la population du pays. Ils réclament la reconnaissance de leur langue et de leur culture.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.