Vendredi 7 octobre 2011 à 19h09
DAMAS, 7 oct 2011 (AFP) — Un chef de l'opposition kurde, Mechaal Tamo, a été assassiné vendredi en Syrie, où des manifestations hostiles au régime ont de nouveau réprimées dans le sang, la Russie envisageant pour la première fois un départ du président Bachar al-Assad.
A Damas, l'opposant et ancien député syrien Riad Seif a hospitalisé après avoir été battu par des agents de sécurité devant la Mosquée al-Hassan, dans le quartier Midane, ont dénoncé les comités de coordination locaux (LCC), mouvement qui chapeaute les manifestants sur le terrain.
Et à Qamichli, (nord-est), Mechaal Tamo, 53 ans, membre du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition syrienne, a été assassiné par des inconnus à son domicile, selon des militants.
"Quatre hommes armés et masqués se sont introduits dans la maison de Mechaal Tamo et ont tiré sur lui et son fils Marcel et une collègue", qui ont tous deux été blessés, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), sans préciser qui était à l'origine des tirs.
L'agence officielle syrienne Sana a confirmé la mort de M. Tamo, en précisant qu'il avait été tué par des "hommes armés à bord d'une voiture noire qui ont tiré sur son véhicule".
A l'annonce de ce décès, des milliers de manifestants kurdes sont descendus dans les rues en particulier devant l'hôpital de Qamichli, où la dépouille de M. Tamo a été transportée.
Fondateur du Courant du Futur, un parti kurde libéral qui considère les Kurdes comme faisant partie intégrante de la Syrie, Mechaal Tamo avait récemment été libéré après trois ans et demi de prison. Il avait rejeté une proposition de dialogue présentée aux partis kurdes par les autorités pour résoudre la crise qui secoue le pays depuis la mi-mars.
Créé fin août à Istanbul, le CNS réunit la majorité des courants politiques opposés au régime Assad, en particulier les LCC, les libéraux, la confrérie des Frères musulmans ainsi que des partis kurdes et assyriens. Il doit en principe se réunir samedi au Caire, en particulier pour se doter d'une direction.
A l'appel des militants pro-démocratie, des milliers de personnes ont défilé vendredi à travers le pays, sous le slogan "le CNS est notre représentant, le mien, le tien et celui de tous les Syriens".
Mais, comme chaque vendredi, les forces de sécurité massivement déployées ont ouvert le feu pour disperser les manifestants, tuant neuf civils: trois à Douma et un à Zabadani, deux villes proches de Damas, un dans la région de Jisr al-Choughour (nord-ouest), et quatre à Homs (centre), selon l'OSDH.
Des tirs nourris et des explosions ont été entendus à Homs, où des manifestants ont appelé à la chute du régime, selon les militants. Ils ont brandi leurs chaussures devant des photographies du président syrien, dont le visage était barré d'une croix, selon une vidéo diffusée sur YouTube.
A Maaret al-Noumane, dans la région d'Idleb (nord-ouest), les forces de sécurité ont tiré pour disperser une importante manifestation près de la frontière turque, blessant cinq personnes, selon l'OSDH.
A Deraa (sud), des milliers de personnes ont piétiné des drapeaux géants de la Russie et de la Chine, qui ont opposé mardi leur veto à un projet occidental de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression. Elles scandaient "le peuple veut le départ du président", selon une autre vidéo.
Mais le président russe Dmitri Medvedev, dont le pays est un proche allié de Damas, a envisagé vendredi pour la première fois le départ de M. Assad, même si Moscou maintient son opposition à toute ingérence dictée par les Occidentaux.
"Nous travaillons activement avec les dirigeants syriens pour qu'ils procèdent aux réformes indispensables. S'ils ne sont pas capables de mener ces réformes, ils doivent partir", a-t-il dit. "Mais c'est au peuple et au régime syrien de décider cela, et non pas à l'Otan ou à certains pays européens".
Alliée de longue date de la Syrie, à laquelle elle fournit de l'armement, la Russie s'est défendue d'être l'avocate du régime Assad et a fait valoir qu'elle accueillerait en octobre deux délégations de l'opposition, comme elle l'a déjà fait - sans grand résultat - par le passé.
Alors que la répression a fait plus de 2.900 morts dont au moins 187 enfants selon l'ONU, la Syrie a été la cible à Genève de nombreuses critiques devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU.
Plusieurs pays occidentaux, ainsi que le Brésil, ont demandé à Damas d'autoriser l'entrée sans entrave de la commission d'enquête internationale indépendante chargée en août par l'ONU d'enquêter sur les violations des droits de l'Homme.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.