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Syrie: tirs meurtriers lors des funérailles de l'opposant kurde Mechaal Tamo


Samedi 8 octobre 2011 à 19h58

DAMAS, 8 oct 2011 (AFP) — Les forces de sécurité syriennes ont tiré samedi sur l'immense foule participant aux funérailles de l'opposant kurde Mechaal Tamo, assassiné la veille, faisant deux morts, selon des militants.

Huit autres personnes ont péri dans la répression menée par les troupes du régime ailleurs en Syrie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé au Royaume-Uni, dans un communiqué.

Les funérailles de Mechaal Tamo dans la ville de Qamichli dans le nord-est de la Syrie, se sont transformées "en une manifestation de 50.000 personnes appelant à la chute du régime" du président Bachar al-Assad, a précisé l'OSDH.

Les forces de l'ordre ont ouvert le feu sur la foule, faisant deux morts et plusieurs blessés, a ajouté l'OSDH qui a accusé, de même que d'autres groupes de militants, le régime de l'assassinat de cet important opposant kurde.

Mechaal Tamo, 53 ans, qui avait rejoint le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a été tué vendredi par des inconnus à bord d'un véhicule alors qu'il se trouvait devant le domicile d'un ami à Qamichli, selon des militants.

Son fils Marcel, grièvement blessé dans cette attaque, a été hospitalisé, selon l'OSDH, qui a précisé qu'une militante kurde du Courant du Futur, le parti de M. Tamo, avait également été touchée.

L'agence officielle syrienne Sana a affirmé pour sa part que le responsable kurde avait été tué par des "hommes armés à bord d'une voiture noire".

Fondateur du Courant du Futur, un parti kurde libéral, Mechaal Tamo avait récemment été libéré après trois ans et demi de prison. Il avait rejeté une proposition de dialogue présentée aux partis kurdes par les autorités.

Les Comités de coordination locaux, qui chapeautent les manifestants, ont accusé "le régime de procéder aux liquidations physiques pour contrer la révolution, profitant du laxisme de la communauté internationale qui tarde à prendre les mesures (adéquates) face aux crimes contre le peuple syrien".

La chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton a condamné "avec la plus grande fermeté" cet assassinat, "ainsi que tous les actes favorisant les conflits ethniques et confessionnels" en Syrie.

La Maison Blanche l'a aussi condamné avec force en appelant M. Assad à quitter le pouvoir "maintenant".

Pour la première fois, le président russe Dmitri Medvedev, dont le pays est un proche allié de Damas, a envisagé un départ de M. Assad s'il ne mène pas des réformes, mais a réaffirmé son opposition à toute ingérence dictée par les Occidentaux.

Dans un nouveau signe de divisions de la communauté internationale sur la Syrie, les ministres vénézuelien et cubain des Affaires étrangères, Nicolás Maduro et Bruno Rodríguez, prendront dimanche la tête d'une mission régionale en Syrie pour soutenir M. Assad et repousser "toutes les formes d'interventionnisme" contre ce pays.

Parallèlement, quelque 90 représentants de l'opposition, dont des membres du CNS, sont réunis jusqu'à dimanche au nord de Stockholm. Burhan Ghalioun, figure historique de l'opposition et représentant provisoire du CNS, participe à la réunion, selon le Centre international Olof Palme.

Créé fin août à Istanbul, le CNS rassemble la majorité des courants de l'opposition, en particulier les LCC, les libéraux, les Frères musulmans et des partis kurdes et assyriens. Il cherche à rallier le soutien des pays arabes et à développer ses contacts avec les pays occidentaux.

Des opposants du CNS se trouvaient aussi au Caire mais leur réunion destinée à élire une direction a été reportée à une date indéterminée en raison de "problèmes techniques", selon l'un des membres de la coalition.

Ailleurs en Syrie, trois civils sont morts à Douma près de Damas, dont un par des tirs des troupes contre des funérailles, selon l'OSDH. Trois autres ont été tués à Hama (nord), un quatrième à Homs (centre) et un autre a succombé à ses blessures infligées en détention à Damir dan la région de Damas.

D'après l'ONU, la répression du mouvement de contestation du régime de M. Assad a fait plus de 2.900 morts depuis le 15 mars.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.