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Syrie: tirs lors des funérailles du dirigeant Mechaal Tamo, deux morts


Samedi 8 octobre 2011 à 13h26

DAMAS, 8 oct 2011 (AFP) — Les forces de sécurité syriennes ont tiré samedi sur l'immense foule participant aux funérailles du dirigeant kurde Mechaal Tamo, assassiné la veille à Qamichli dans le nord-est de la Syrie, faisant au moins deux morts et plusieurs blessés.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), "les funérailles de Mechaal Tamo se sont transformées en une manifestation de 50.000 personnes appelant à la chute du régime" du président syrien Bachar al-Assad.

Les forces de l'ordre ont ouvert le feu, faisant deux mort et plusieurs blessés, a ajouté l'OSDH, basé au Royaume-Uni.

M. Tamo, 53 ans, important dirigeant kurde qui avait rejoint le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a été assassiné vendredi par des inconnus à bord d'un véhicule alors qu'il se trouvait devant le domicile d'un ami à Qamichli, selon des militants.

Son fils Marcel, grièvement blessé dans cette attaque, a été hospitalisé, selon l'OSDH, qui a précisé qu'une militante kurde du Courant du Futur, le parti de M. Tamo, avait également été touchée.

L'agence officielle syrienne Sana a affirmé pour sa part que le responsable kurde avait été tué par des "hommes armés à bord d'une voiture noire".

Fondateur du Courant du Futur, un parti kurde libéral, Mechaal Tamo avait récemment été libéré après trois ans et demi de prison. Il avait rejeté une proposition de dialogue présentée aux partis kurdes par les autorités.

Les Comités de coordination locaux (LCC), qui chapeautent les manifestants pro-démocratie, ont accusé samedi les autorités de vouloir "liquider physiquement" les figures de l'opposition.

"Le régime procède aux liquidations physiques pour contrer la révolution, profitant du laxisme de la communauté internationale qui tarde à prendre les mesures (adéquates) face aux crimes commis contre le peuple syrien", ont affirmé les LCC.

La chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton a condamné "avec la plus grande fermeté" cet assassinat, "ainsi que tous les actes favorisant les conflits interethniques et interconfessionnels" en Syrie, dans un communiqué diffusé samedi.

Vendredi soir, la Maison Blanche avait déjà condamné avec force l'assassinat de M. Tamo, appelant le président Assad à quitter le pouvoir "maintenant".

Pour la première fois, le président russe Dmitri Medvedev, dont le pays est un proche allié de Damas, a aussi envisagé vendredi un départ de M. Assad, tout en réaffirmant son opposition à toute ingérence dictée par les Occidentaux.

"Nous travaillons activement avec les dirigeants syriens pour qu'ils procèdent aux réformes indispensables. S'ils ne sont pas capables de mener ces réformes, ils doivent partir", a-t-il dit. "Mais c'est au peuple et au régime syrien de décider cela, et non pas à l'Otan ou à certains pays européens".

Le nouvel épisode de violences de samedi est survenu alors quelque 90 représentants de l'opposition, dont des membres du CNS, sont réunis jusqu'à dimanche au nord de Stockholm.

Burhan Ghalioun, figure historique de l'opposition et représentant provisoire du CNS, participe à la réunion, selon Laila Naraghi, du Centre international Olof Palme.

Créé fin août à Istanbul, le Conseil rassemble la majorité des courants politiques opposés au régime syrien, en particulier les LCC, les libéraux, les Frères musulmans, interdits de longue date en Syrie et des partis kurdes et assyriens.

Le CNS cherche désormais à rallier le soutien des pays arabes et à développer ses contacts avec les pays occidentaux.

D'après l'ONU, la répression du mouvement de contestation du régime de M. Assad a fait plus de 2.900 morts depuis le 15 mars.

Vendredi, les forces de sécurité massivement déployées ont encore ouvert le feu sur les manifestants, qui ont défilé par milliers pour affirmer leur soutien au CNS, tuant 16 civils, selon l'OSDH.

Et samedi, un adolescent de 14 ans a été tué et 14 personnes blessées quand les forces de l'ordre ont tiré sur les participants aux funérailles de trois de ces victimes à Douma, près de Damas.

Un jeune homme, arrêté jeudi par les agents de sécurité, est en outre décédé samedi en prison à Dmeir, également proche de la capitale.

Dans le gouvernorat de Homs (centre), les habitants craignent une vaste opération militaire à Qousseir. Les communications téléphoniques ont été coupées et les accès à la ville ont été fermés.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.