Vendredi 25 mai 2012 à 19h53
DAMAS, 25 mai 2012 (AFP) — Des hélicoptères de l'armée syrienne ont bombardé vendredi pour la première fois des localités kurdes rebelles de la frontière turque, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme faisant état en outre de manifestations de masse contre le régime du président Bachar al-Assad.
Alors que la trêve annoncée il y a plus d'un mois est quotidiennement violée, avec encore 28 personnes, dont 22 civils, tuées vendredi dans les violences, l'émissaire spécial des Nations unies et de la Ligue arabe Kofi Annan a décidé de se rendre prochainement en Syrie.
Son porte-parole Ahmad Fawzi a indiqué vendredi que M. Annan finalisait les préparatifs de son départ, tout en refusant d'en dire plus, notamment sur la date de la visite, pour des raisons de sécurité.
Entre-temps la répression et les violences se poursuivent, des raids aériens de l'armée sur des zones rebelles proches de la frontière turque ayant fait une vingtaine de blessés parmi les habitants, selon l'OSDH.
"C'est la première fois que cette zone, désignée sous le nom de la montagne des Kurdes, est la cible de bombardements aériens. Il s'agit d'une zone montagneuse très escarpée où les chars n'accèdent pas facilement", a indiqué à l'AFP le président de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
"Auparavant, les hélicoptères survolaient la zone. Aujourd'hui, c'est l'opération la plus violente" contre les villages de Kansebba, Kabbané, Marj al-Zawiya, Doueirké et Eido, qui se situent entre 6 et 25 km de la frontière turque a précisé M. Abdel Rahmane.
"Avec leurs mitrailleuses lourdes, les hélicoptères visent des cibles précises pour tenter de nettoyer la zone en vue de permettre aux transports de troupes de lancer un assaut terrestre et déloger les rebelles".
Peu touché jusqu'à présent par le mouvement de contestation, Alep (nord), la deuxième ville du pays, a été le théâtre de manifestations rassemblant des dizaines de milliers de personnes.
"Il s'agit des manifestations les plus importantes à Alep" depuis le début de la révolte en mars 2011, a indiqué Rami Abdel Rahmane.
Un manifestant y a été tué et des dizaines d'autres ont été blessés par les forces régulières qui ont tiré à balles réelles et lancé des gaz lacrymogènes sur les protestataires. Trois autres civils, dont deux enfants, ont été tués dans cette même ville par des tirs, mais pas dans les manifestations.
Dans la province d'Idleb (nord-ouest), "des dizaines de milliers de manifestants ont également défilé" dans les localités de Maaret al-Noman, Kafrnoubol, Saraqeb, Hass et Sargé, tenues par les rebelles, a indiqué M. Abdel Rahmane.
A Binneche, dans cette même province, sous les applaudissements de centaines de manifestants, une vingtaine de personnes ont porté de grandes lettres de l'alphabet latin en carton pour former des phrases en anglais: "We are not terrorists" (nous ne sommes pas des terroristes) et "Our demand is freedom" (nous voulons la liberté).
Le régime attribue les violences dans le pays à des "terroristes".
Malgré les bombardements et les tirs, des milliers de manifestants ont également défilé dans les régions de Homs, Hama (centre), Deir Ezzor (est) et Deraa, berceau de la contestation dans le sud. Vingt personnes, dont un policier et un déserteur, ont été tuées dans ces zones, selon l'OSDH.
"Notre prochain rendez-vous, Damas"
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Les militants pro-démocratie avaient appelé à manifester vendredi sous le slogan "Notre prochain rendez-vous, Damas", appelant à intensifier le mouvement dans la capitale, quadrillée par les agents de sécurité.
Dans l'après-midi, les forces de l'ordre ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants dans le quartier historique de Midane à Damas, toujours selon l'OSDH qui a fait état de plusieurs autres manifestations dans la capitale et sa banlieue où un enfant a été tué par un tireur embusqué à Irbine.
Depuis le début de la révolte, les localités et quartiers périphériques de Damas sont à la pointe de la contestation --notamment Douma, Harasta, Mouadamiyé, et plus récemment Zabadani, Barzé-- tandis que le centre reste peu touché, la répression y étant particulièrement importante.
Selon l'OSDH, plus de 12.000 personnes ont péri en Syrie depuis mars 2011, en majorité des civils tués par les forces gouvernementales qui répriment dans le sang une contestation populaire inédite contre le régime.
Dans un rapport publié jeudi, les enquêteurs mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU accusent l'armée syrienne et les services de sécurité de commettre "la plupart des violations graves des droits de l'Homme" et de poursuivre la pratique de la torture, y compris sur des enfants.
Par ailleurs, un groupe de pèlerins chiites libanais enlevés le 22 mai en Syrie ont été libérés et sont arrivés en Turquie, a déclaré à l'AFP le ministre libanais de la Santé, Ali Hassan Khalil, ajoutant que leur retour était prévu dans la journée.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.