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Syrie: près de 7.000 enfants encore "piégés" dans les camps du nord-est


Mercredi 21 decembre 2022 à 11h25

Beyrouth, 21 déc 2022 (AFP) — Environ 7.000 enfants étrangers de jihadistes présumés restent détenus dans les camps du nord-est de la Syrie et courent le risque d'attaques et de violences, a averti mercredi l'ONG Save the Children, appelant à leur rapatriement.

"Un nombre record de 517 femmes et enfants ont été rapatriés cette année des camps du nord-est de la Syrie", a indiqué Save the Children dans un communiqué, déplorant toutefois que "7.000 enfants de nationalités étrangères restent piégés et courent le risque d'attaques et de violences".

Si l'ONG salue une hausse du nombre de rapatriements des femmes et d'enfants des camps d'Al-Hol et de Roj à hauteur de 60% en 2022, par rapport à l'année précédente, elle appelle à ce que "davantage soit fait pour leur rapatriement".

Depuis la défaite territoriale du groupe Etat islamique en 2019, environ 56.000 proches de jihadistes sont détenus dans les camps d'al-Hol et Roj, contrôlés par les Kurdes et où la violence est endémique et les privations nombreuses.

Parmi eux figurent plus de 10.000 étrangers originaires d'une soixantaine de pays, dont des Français et d'autres Européens, logés séparément dans une partie du camp appelée "l'Annexe".

"Les efforts doivent être renforcés pour aider les enfants vivant dans les camps", estime l'ONG, soulignant que l'année 2021 était la plus violente à Al-Hol.

Durant cette même année, 74 enfants y sont morts, dont huit ont été tués, selon l'ONG.

En novembre, l'ONU a condamné le "meurtre brutal" de deux fillettes égyptiennes dont les corps ont été retrouvés dans les égouts d'Al-Hol.

"Ces enfants sont piégés dans des conditions déplorables et mis en danger au quotidien, il n'y a pas de temps à perdre", a déclaré le directeur des opérations de l'ONG, Matt Sugrue.

"Au rythme adopté par les gouvernements étrangers, nous verrons certains enfants devenir adultes avant de pouvoir quitter ces camps et rentrer chez eux", poursuit-t-il.

L'ONG rapporte le témoignage de Mariam, tunisienne de 32 ans et mère de cinq enfants qui vit dans "l'Annexe" d'Al-Hol depuis quatre ans. "Cela me brise le coeur de voir mes enfants grandir dans cet endroit, privés d'éducation (...)", a-t-elle confié.

"Ce qui se dresse entre ces enfants et une vie normale et sûre, c'est la volonté de leurs gouvernements", conclut M. Sugrue.

Malgré les exhortations répétées des l'administration kurde, la plupart des pays occidentaux refusent de rapatrier leurs citoyens de ces camps, se contentant de rapatriements au compte-goutte par crainte d'éventuels actes terroristes sur leur sol.

En mars, Save the Children avait averti que le rapatriement des enfants des camps du nord-est prendrait 30 ans au rythme actuel.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.