Lundi 30 mars 2020 à 00h28
Beyrouth, 29 mars 2020 (AFP) — Une mutinerie a éclaté dimanche en Syrie dans une prison des forces kurdes où sont détenues des personnes accusées d'appartenance au groupe jihadiste Etat islamique (EI), ont rapporté une ONG et un responsable de sécurité, précisant que des prisonniers se sont évadés.
Le responsable des Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition dominée par les combattants kurdes, n'était en mesure de donner ni le nombre de fugitifs, ni leur nationalité. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a parlé de "quatre fugitifs au moins".
Tard dimanche soir, la situation restait tendue dans la prison de Ghouiran, dans la ville de Hassaké (nord-est syrien) et les recherches se poursuivaient pour rattraper les évadés, ont précisé ces deux sources.
La "mutinerie" a été menée par "des éléments du groupe Etat islamique", selon l'OSDH. D'après ses informations, la prison accueille près de 5.000 détenus "de différentes nationalités" et accusés d'appartenance à l'EI.
L'ONG dispose d'un vaste réseau de sources à travers le pays en guerre.
Sur son compte Twitter, un porte-parole des FDS, Mustafa Bali, a reconnu une "mutinerie" lors de laquelle les prisonniers ont "cassé des murs et arraché des portes intérieures".
"La situation est toujours tendue à l'intérieur de la prison (...), les forces tentent de reprendre le contrôle", a-t-il dit tard dimanche soir, évoquant l'envoi de renforts.
De son côté, le responsable de sécurité des FDS, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, a indiqué à l'AFP que des "éléments de l'EI s'étaient révoltés" dans la prison.
"Certains d'entre eux ont pu sortir dans la cour de la prison", a reconnu cette source. "Un certain nombre d'éléments de l'EI ont pu s'enfuir de la prison, les opérations de recherche se poursuivent".
Interrogé par l'AFP, un porte-parole de la coalition internationale anti-EI, a assuré que "des membres des bas échelons de l'EI" sont enfermés dans cette prison.
"La coalition assiste ses partenaires des Forces démocratiques syriennes avec une surveillance aérienne au moment où elles répriment une insurrection" dans la prison, a assuré le colonel Myles Caggins III.
Un an après avoir proclamé le 23 mars 2019 l'éradication du "califat" de l'EI en Syrie, les forces kurdes détiennent toujours quelque 12.000 jihadistes dans plusieurs prisons du nord-est syrien, selon leurs statistiques.
Il y a des Syriens, des Irakiens mais aussi 2.500 à 3.000 étrangers originaires d'une cinquantaine de pays.
Si les Kurdes réclamaient au départ le renvoi vers leur pays d'origine des combattants étrangers, ils se sont résignés à l'idée de devoir les juger en Syrie, face aux tergiversations des gouvernements occidentaux qui évitent les rapatriements.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.