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Syrie: Moscou doit cesser d'être "complice" d'Ankara, clament les autorités d'Afrine


Dimanche 4 février 2018 à 16h54

Afrine (Syrie), 4 fév 2018 (AFP) — Les autorités locales d'Afrine ont exhorté la Russie, ainsi que d'autres grandes puissances, à agir pour que cesse l'offensive turque contre leur région du nord de la Syrie, accusant Moscou de "complicité" dans la mort de dizaines de civils.

La Turquie et ses alliés au sein des rebelles syriens ont lancé le 20 janvier l'opération "Rameau d'olivier" contre les Unités de protection du peuple (YPG), une force paramilitaire kurde considérée comme "terroriste" par Ankara mais qui est aussi une alliée précieuse des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

"Nous demandons à la Russie en particulier de cesser son soutien à l'Etat turc terroriste", ont écrit dans un communiqué les autorités locales de l'enclave syrienne, qui jouissent d'une autonomie de facto dans le pays en guerre.

Moscou "porte une responsabilité dans les massacres perpétrés par l'Etat turc fasciste", ont-elles ajouté.

La Russie, qui intervient depuis 2015 dans le conflit syrien en soutien au régime de Bachar al-Assad, comptait des troupes dans la région d'Afrine mais les a retirées au moment du déclenchement de l'offensive.

Les YPG et les autorités locales ont indiqué qu'elles considéraient ce retrait comme une approbation tacite de l'opération turque.

Dans leur communiqué, les responsables kurdes appellent aussi les Etats-Unis, l'Union européenne, l'ONU et la coalition internationale antijihadiste à "intervenir immédiatement".

La Turquie n'a jamais accepté l'autonomie de facto établie par les Kurdes dans le nord syrien, craignant de voir sa propre communauté kurde développer des aspirations similaires.

Elle fait valoir que son offensive vise uniquement à sécuriser ses frontières sud, et assure faire son maximum pour éviter les pertes civiles.

D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), au moins 68 civils, dont 21 enfants, ont été tués dans les bombardements turcs menés dans le cadre de cette offensive.

Plus d'une centaine de rebelles pro-turcs et un nombre équivalent de combattants des YPG sont morts dans les combats, selon l'ONG.

Dimanche, à Afrine, des milliers de personnes ont manifesté contre l'offensive turque, brandissant des drapeaux des YPG, des rameaux d'oliviers, mais aussi des portraits d'Abdullah Öcalan, le chef de la rébellion kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), détenu depuis 1999 en Turquie.

Ankara accuse avec véhémence les YPG d'entretenir des liens avec le PKK, qui mène depuis trois décennies une insurrection armée contre le pouvoir turc.

"Nous tenons le monde pour responsable car nous avons combattu le terrorisme (l'EI) au nom de tous, mais aujourd'hui le monde est d'accord avec le meurtre de Syriens", a de son côté argué Ali Mahmoud, un manifestant âgé de 45 ans.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.