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Syrie: manifestations de kurdes contre la déclaration constitutionnelle


Vendredi 14 mars 2025 à 18h30

Qamichli (Syrie), 14 mars 2025 (AFP) — Des centaines de Kurdes ont manifesté vendredi dans le nord-est de la Syrie contre la déclaration constitutionnelle qui selon eux ne répond pas aux aspirations des minorités dans le pays.

Cette déclaration, signée jeudi par le président par intérim Ahmad al-Chareh, donne les pleins pouvoirs à ce dernier et proclame que la jurisprudence islamique devient "la source principale" de la législation.

Bien qu'elle défend la liberté de croyance et affirme que tous les citoyens sont égaux devant la loi, elle ne mentionne pas expressément les minorités alaouites, chrétiennes, kurdes et druzes.

"Nous sommes venus manifester en tant que peuple kurde contre l'exclusion de composantes de la société. Non à une Syrie centralisée, oui à une Syrie décentralisée, démocratique et pluraliste", a dit Chir Mohammed, une femme de 25 ans, à Qamichli, près de la frontière turque.

"En tant que peuple syrien et kurde, après des années d'injustice, on s'attendait à ce que la nouvelle Constitution inclue (toutes) les confessions et ethnies, plutôt que de nier leur existence", a-t-elle ajouté devant les drapeaux kurdes.

Les autorités kurdes, qui ont installé une administration autonome dans le nord-est du pays durant la guerre civile, ont rejeté la déclaration constitutionnelle et "toute tentative de reproduire la dictature".

Elles ont appelé à "une répartition équitable du pouvoir", à "reconnaître les droits de toutes les composantes syriennes" et à "adopter un système de gouvernement démocratique décentralisé".

"Le gouvernement d'Ahmad al-Chareh veut créer un Etat sunnite et religieux. Nous n'accepterons absolument pas cela", a déclaré Dalo Ahmad, étudiant de 24 ans.

Les manifestants ont scandé des slogans réclamant "la chute de Jolani", le nom de guerre de M. Chareh, qui a dirigé la coalition de factions rebelles sunnites radicales ayant renversé le président Bachar al-Assad le 8 décembre.

"Nous faisons partie intégrante de la Syrie, ce que nous voulons, c'est que nos droits soient inscrits dans la Constitution", a ajouté M. Ahmad.

Des manifestations ont également eu lieu à Amouda, située à quelques kilomètres de Qamichli, où des Kurdes ont réclamé une "Syrie démocratique et fédérale".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.