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Syrie: Manifestations dans le nord et le sud après la prière de vendredi


Vendredi 1 avril 2011 à 15h17

DAMAS, 1 avr 2011 (AFP) — Des manifestations pour la démocratie en Syrie se sont déroulées vendredi après la grande prière dans la région à majorité kurde dans le nord du pays, dans la ville portuaire de Lattaquié (nord-ouest) et à Deraa (sud), ont affirmé des militants des droits de l'homme.

L'agence officielle syrienne Sana a confirmé que des manifestations avaient eu lieu "près de certains mosquées" à Deraa et à Lattaquié, où les participants ont rendu hommage aux "martyrs" et appelé "à accélérer les reformes". Selon l'agence, les forces de sécurité ne sont pas intervenues.

Pour la première fois depuis le début de la contestation le 15 mars, des défilés ont eu lieu dans la région à majorité kurde du nord du pays.

"Plusieurs centaines de personnes ont défilé pacifiquement dans les rues après la prière de vendredi à Qamishli et Amouda en scandant +Nous ne voulons pas seulement la nationalité mais aussi la liberté+ et +Dieu, la Syrie et la liberté+", a déclaré à l'AFP Radif Moustafa, président du comité kurde pour les droits de l'Homme.

"A Hassaké, 150 à 200 personnes ont manifesté avec les mêmes mots d'ordre avant d'êtres dispersées par les forces de sécurité", a-t-il ajouté.

Qamishli et Amouda sont deux villes à majorité kurde à 700 km au nord-est de Damas, près de la frontière turque. Hassaké se trouve à 600 km au nord-est de la capitale. "C'est la première fois depuis le début de la contestation que des manifestations ont lieu dans cette région", selon M. Moustapha.

Les autorités syriennes avaient annoncé jeudi qu'elles allaient examiner la situation de quelque 300.000 Kurdes qui se sont vus dénier la nationalité syrienne depuis un demi-siècle.

Une commission doit achever ses travaux avant le 15 avril, "afin que le président Assad promulgue un décret adéquat sur ce problème", a annoncé l'agence officielle Sana.

Dans le sud, à Deraa, des milliers de fidèles ont manifesté contre le régime devant le palais de justice en sortant d'une des mosquées de la ville, aux cris de "La mort plutôt que l'humiliation" et "Unité nationale".

A Deraa, devenue le 18 mars l'épicentre de la contestation contre le régime, la violence a déjà fait au moins 30 morts selon les autorités, 55 selon Amnesty International, plus de 70 selon Human Rights Watch et 130 selon les militants sur place.

Plus au nord, à Sleibé, un quartier sud de Lattaquié, 200 personnes ont manifesté pour la liberté, et les forces de sécurité ne sont pas intervenues.

Dans ce même quartier mercredi, la police était intervenue contre une manifestation pacifique, faisant quatre ou cinq morts selon un militant politique de la ville, et 25 selon le Comité syrien de droits de l'Homme (CSDH), une organisation syrienne des droits de l'Homme basée à Londres et proche des Frères musulmans.

A Damas, plusieurs centaines de manifestants ont affirmé s'être enfermés vendredi dans une mosquée du centre-ville où ils scandaient "Liberté, liberté" alors que les forces de sécurité tentaient de forcer la porte d'entrée. Des journalistes de l'AFP qui se sont rendus sur place ont vu des manifestants favorables au régime sur la place en face de la mosquée.

Les opposants avaient appelé à des manifestations dans toute la Syrie après les prières de vendredi afin d'exprimer leur déception face aux mesures annoncées par le président Bachar al-Assad pour tenter de calmer le mouvement de protestation sans précédent depuis deux semaines.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.