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Syrie: manifestation kurde contre les menaces d'offensive turque


Dimanche 6 octobre 2019 à 19h31

Ras al-Ain (Syrie), 6 oct 2019 (AFP) — Des milliers de Kurdes syriens ont manifesté dimanche contre les menaces répétées d'une offensive turque contre leurs régions dans le nord de la Syrie, pays en guerre depuis 2011.

Les autorités kurdes qui contrôlent de vastes régions dans le nord du pays, ont de leur côté mis en garde contre l'impact d'une éventuelle offensive sur un camp de déplacés abritant des milliers de personnes affiliés au groupe jihadiste Etat islamique (EI).

M. Erdogan a réitéré samedi sa menace de lancer une opération contre les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde syrienne considérée comme "terroriste" par Ankara, mais alliée de Washington.

Ankara est frustrée face à la lenteur dans la mise en place d'une "zone de sécurité" convenue avec Washington, qui doit séparer la frontière turque des territoires kurdes syriens. Outre éloigner les YPG de sa frontière, M. Erdogan espère pouvoir utiliser cette "zone de sécurité" pour y renvoyer jusqu'à deux millions de réfugiés syriens.

"A bas Erdogan", "A bas l'occupation", ont scandé les manifestants massés à la frontière près de la localité de Ras al-Aïn, a constaté un correspondant de l'AFP.

Le cortège a ensuite défilé en direction d'une base tenue par la coalition internationale emmenée par Washington, alliée aux forces kurdes dans la lutte antijihadistes.

"Nous n'allons pas abandonner notre terre et nous allons y rester mais on ne veut pas la guerre", a dit Ahmed Mohamed Salem, un manifestant de 52 ans.

Dans les secteurs de Ras al-Aïn, Tal Abyad ou encore Kobané, frontaliers de la Turquie, les forces locales ont creusé des tranchées et des tunnels en prévision d'une éventuelle offensive, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

En début de soirée, l'OSDH a fait état de patrouilles communes entre les forces de la coalition et celles du conseil militaire de Tal Abyad à la frontière avec la Turquie.

Deux précédentes offensives turques ont été menées en 2016 et 2018 dans le nord syrien contre les YPG.

Les autorités dans la région autonome kurde ont appelé dans un communiqué la communauté internationale à faire "pression pour empêcher la Turquie de commettre toute agression".

Dans un autre communiqué, le bureau chargé des camps de déplacés au sein de l'administration kurde a mis en garde contre l'impact d'une offensive sur le camp Al-Hol, situé dans une région sous contrôle kurde, qui serait alors "difficile à contrôler". Ce camp qui abrite près de 70.000 personnes, dont des occidentaux, est devenu une poudrière jihadiste.

Pour sa part, un responsable au sein d'un groupe rebelle pro-Ankara a indiqué à l'AFP que les forces turques fournissaient à ses combattants des "tenues militaires", évoquant une "mobilisation" tous azimuts.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.