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Syrie: les Kurdes se dotent d'une Constitution pour leur "région fédérale"


Vendredi 30 decembre 2016 à 19h12

Rmeilane (Syrie), 30 déc 2016 (AFP) — Les Kurdes de Syrie se sont dotés d'un "contrat social", une Constitution pour la "région fédérale" autonome qu'ils ont proclamée dans le nord de ce pays et où devraient être organisées des élections dans les mois à venir.

La communauté kurde de Syrie a bénéficié du chaos généré par la guerre pour étendre son contrôle dans certaines régions du Nord, instaurant en 2012 un système de trois "administrations autonomes" -- Afrine, Kobané et Jaziré -- qui ont désormais leurs propres forces de police et des écoles indépendantes.

En mars, les Kurdes sont passés à une étape supplémentaire en annonçant l'établissement d'une "région fédérale" unissant ces trois cantons, une initiative immédiatement rejetée par le régime du président syrien Bachar al-Assad et l'opposition.

Le "contrat social" qui est l'équivalent d'une Constitution a été approuvé par l'Assemblée constituante, à l'issue des réunions des 165 représentants des trois cantons qui se sont achevées jeudi, selon un communiqué de clôture distribué à la presse jeudi.

Cette Constitution prévoit la création d'une Assemblée législative dont les membres seront élus tous les quatre ans. La loi fondamentale consacre également "l'égalité" de toutes les langues utilisées dans le nord de la Syrie, et donne à chaque communauté le droit de "vivre et gérer ses affaires dans sa langue".

Les Kurdes font valoir que leur projet fédéral est fondé sur une base "territoriale" et non "ethnique", avec des représentants pour la population arabe et d'autres minorités, notamment assyrienne, dans ces zones.

"Nous allons commencer à faire appliquer la Constitution", a indiqué à l'AFP le chef du comité exécutif chargé de superviser ce processus, Mansour al-Souloum. "Les élections seront organisées dans les six mois à venir", a-t-il souligné.

Les Kurdes de Syrie forment 15% de la population de ce pays. Les milices kurdes YPG (Unités de protection du peuple) sont soutenues par les Etats-Unis dans leur lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), mais sont considérées par la Turquie voisine comme un groupe "terroriste".

Ankara a d'ailleurs lancé le 24 août une ambitieuse offensive dans le nord de la Syrie, afin notamment d'éviter la formation d'une zone autonome kurde continue le long de la frontière turco-syrienne.

Déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, le conflit en Syrie s'est complexifié avec l'intervention étrangère et la montée en puissance de jihadistes. La guerre a fait plus de 310.000 morts et jeté sur les routes des millions de personnes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.