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Syrie: les Kurdes rejettent une "zone de sécurité" sous contrôle turc (haut responsable)


Mercredi 16 janvier 2019 à 08h37

Qamichli (Syrie), 16 jan 2019 (AFP) — Les Kurdes de Syrie rejettent l'instauration d'une "zone de sécurité" sous contrôle de la Turquie dans le nord du pays en guerre, a indiqué mercredi à l'AFP un haut responsable de l'administration semi-autonome mise en place par cette minorité.

"Il peut y avoir une ligne de démarcation entre la Turquie et le nord syrien avec des forces de maintien de la paix de l'ONU (...) Tout autre choix est inacceptable", a indiqué à l'AFP l'influent politicien Aldar Khalil.

"La Turquie n'est pas neutre, c'est une partie prenante au conflit" et de ce fait "ne peut être un garant de la sécurité", a précisé M. Khalil.

Le président américain Donald Trump avait récemment appelé à la création d'une "zone de sécurité" de 30 km en Syrie.

Après un entretien avec son homologue américain, le président turc Recep Tayyip Erdogan a expliqué mardi que son pays pouvait se charger d'établir cette zone entre la frontière et les positions de la principale milice kurde de Syrie soutenue par Washington, les Unités de protection du peuple (YPG).

"M. Trump veut mettre en place ces zones de sécurité en coopérant avec la Turquie, mais n'importe quel rôle turc va changer l'équilibre (de la région) et celle-ci ne sera pas sûre", a précisé M. Khalil.

A la mi-décembre, Ankara avait menacé de lancer une nouvelle offensive contre les YPG, classé "organisation terroriste" par la Turquie, même si cette milice est un allié incontournable des Etats-Unis dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

La Turquie voit d'un mauvais oeil l'autonomie de facto acquise par la communauté kurde à la faveur du conflit qui ravage la Syrie depuis 2011, craignant que cela ne renforce les velléités indépendantistes de la minorité kurde sur son propre territoire.

Cette autonomie de facto, établie par les Kurdes syriens dans le nord et le nord-est du pays directement à la frontière avec la Turquie, s'est traduit par la création de forces militaires et de forces de police, mais aussi l'instauration d'institutions publiques et d'écoles où la langue kurde est enseignée.

Les tensions entre les Kurdes syriens et la Turquie sont exacerbées par la récente annonce de M. Trump de retirer les troupes américaines qui avaient été déployées en Syrie pour lutter contre l'EI aux côtés des forces kurdes.

Déclenché en 2011 avec la répression de manifestations par le régime, le conflit en Syrie s'est complexifié au fil des ans avec l'implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé.

Il a fait plus de 360.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.