Page Précédente

Syrie: les Kurdes refusent les accords de "réconciliation" du régime


Vendredi 3 mai 2019 à 17h28

Beyrouth, 3 mai 2019 (AFP) — Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par des combattants kurdes, se sont dit prêtes vendredi à dialoguer avec le régime syrien, mais ont rejeté les accords dits de "réconciliation" généralement imposés par ce dernier.

A la faveur de la guerre qui a éclaté en 2011, les Kurdes de Syrie, une minorité ethnique représentant 15% de la population, ont établi une administration autonome sur de vastes territoires dans le nord et le nord-est du pays. Cette autonomie n'est pas reconnue par le régime syrien.

"Nous n'accepterons en aucun cas un retour à l'avant-2011", a martelé vendredi Mazloum Kobani, le chef des FDS, lors d'une conférence organisée à Ain Issa, une ville du nord de la Syrie sous contrôle kurde.

"Il n'est pas possible de régler les problèmes existants et les grands défis de la région (...) par le biais des (accords de) réconciliations", a-t-il ajouté.

Ces derniers mois, le président syrien Bachar al-Assad a fait part de sa volonté de reconquérir les zones kurdes, par "la force" ou à travers des accords dits de "réconciliation".

Dans le passé, son régime a imposé ces accords dans des zones contrôlées par les rebelles à l'issue de sièges et de campagnes de bombardements intensifs.

Ils prévoyaient notamment une évacuation des combattants et des civils réfractaires à l'autorité du régime et le redéploiement des institutions de l'Etat dans les zones reconquises.

Des analystes et ONG ont comparé ces accords à des capitulations, tandis que des opposants au régime d'Assad les ont qualifié de "déplacements forcés".

Certaines personnes restées sur place auraient en outre été arrêtées après avoir accepté les termes de ces accords, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et des militants.

Soutenu par la Russie et l'Iran, le régime syrien a enchainé les victoires contre rebelles et jihadistes ces dernières années et contrôle aujourd'hui près des deux tiers du pays.

Les zones contrôlés par les Kurdes s'étendent sur environ un tiers de la Syrie. Les FDS ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) dans le nord et l'est de la Syrie avec l'aide des Etats-Unis.

Le 23 mars, elles ont proclamé l'éradication de ce qui fut le "califat" autoproclamé par l'EI en s'emparant du dernier réduit des jihadistes à Baghouz, dans l'est de la Syrie.

Le chef des FDS a affirmé être prêt pour "un dialogue avec le régime syrien" afin de parvenir à une "solution globale" en Syrie.

"Aucun règlement réel" ne peut émerger "sans une reconnaissance totale et constitutionnelle des droits du peuple kurde" et de la légitimité de "l'administration autonome", a-t-il toutefois défendu.

Les Kurdes, qui ont maintenu tout au long du conflit une position neutre envers le régime et les rebelles, ont entamé l'été dernier des négociations avec Damas concernant l'avenir de leur autonomie mais aucun accord n'a été trouvé à ce jour.

Déclenchée en 2011, la guerre en Syrie n'a eu de cesse de se complexifier au fil des ans, impliquant plusieurs acteurs régionaux et internationaux. Le conflit a fait en huit ans plus de 370.000 morts et déplacé plusieurs millions de personnes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.