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Syrie: les Kurdes contrôlent désormais plus de 80% de Hassaké


Lundi 22 août 2016 à 18h38

Hassake (Syrie), 22 août 2016 (AFP) — Les forces kurdes contrôlaient lundi 80% de la ville syrienne de Hassaké (nord-est), après près d'une semaine de violents combats contre les forces du régime, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Cette ville était jusque-là contrôlée aux deux-tiers par les forces relevant des services de sécurité kurdes (Assayech), le reste étant aux mains des milices prorégime des Forces de défense nationale (FDN).

"Les Kurdes contrôlent désormais 80% de Hassaké", a indiqué à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, qui se base sur de nombreuses sources à travers la Syrie.

"Ils ont pris au régime l'est de Ghweirane, qui est le plus grand quartier de Hassaké, An-Nachoua-Est et plusieurs bâtiments", tous situés dans le sud de la ville, a-t-il précisé.

"Les Assayech contrôlent 85% de la superficie de la ville", a indiqué pour sa part Meskin Ahmed, une responsable de l'administration autonome instaurée par les Kurdes syriens depuis 2012.

Les secteurs "conquis ne reviendront plus au régime. Ils resteront aux mains des Assayech", a-t-elle dit en réponse à un groupe de journalistes via WhatsApp.

Les affrontements, déclenchés le 17 août, sont les plus graves entre régime et forces kurdes depuis le début de la guerre en Syrie il y a plus de cinq ans. La semaine dernière, l'aviation du régime avait pour la première fois bombardé des cibles kurdes à Hassaké.

Pour tenter de trouver une issue, une médiation russe était en cours lundi en début de soirée à Hmeimim (nord-ouest), base aérienne utilisée par Moscou pour ses frappes contre les jihadistes en Syrie.

Les Russes sont des alliés du régime qu'ils aident militairement face aux rebelles et aux jihadistes, mais entretiennent aussi de bonnes relations avec les Kurdes.

- 'Fait accompli' -

La présence des FDN est concentrée dans le centre et le sud et les miliciens sont obligés de passer par des points de contrôle kurdes à chaque fois qu'ils veulent quitter leur zone. Cette situation a provoqué souvent des frictions qui avaient dégénéré en affrontements en 2015, mais moins graves que ceux d'aujourd'hui.

La dissolution des FDN, accusées de provocation par les Assayech, est la principale revendication des Kurdes.

"Nous réclamons la dissolution des FDN et que le régime cesse d'enrôler les jeunes (kurdes) dans (son armée) pour qu'ils participent à sa guerre contre les rebelles", a indiqué Mme Ahmed.

"Nous réclamons également que le régime cesse les arrestations de citoyens (à Hassaké) ... Il s'agit de conditions non négociables", a-t-elle martelé.

Les deux bords s'accusent mutuellement d'avoir provoqué ces affrontements qui se poursuivaient lundi en fin d'après-midi.

Dimanche, une source de l'armée avait accusé les Kurdes de violer un accord de cessez-le-feu conclu à la faveur d'une médiation russe, en refusant aux forces prorégime un libre passage pour évacuer les morts et blessés vers la ville de Qamichli.

Profitant de la guerre, les Kurdes de Syrie (15% de la population) ont auto-proclamé en mars une "région fédérale" dont Hassaké fait partie, et cherchent à relier les régions sous leur contrôle dans le Nord. Mais le régime entend garder un certain contrôle dans ces zones en y maintenant une présence militaire.

"Il faut que le régime reconnaisse l'administration autonome comme fait accompli", a indiqué Mme Ahmed, démentant toutefois tout idée d'un Kurdistan "indépendant".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.