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Syrie: les interventions militaires étrangères dans le conflit


Jeudi 10 octobre 2019 à 19h53

Paris, 10 oct 2019 (AFP) — La Syrie, où l'armée turque mène depuis mercredi une offensive contre les forces kurdes, est le théâtre de plusieurs interventions de puissances régionales et internationales qui ont complexifié le conflit déclenché en 2011.

- Turquie -

Avant son offensive lancée mercredi dans le nord-est de la Syrie, Ankara a mené deux opérations militaires dans le pays, visant à la fois le groupe jihadiste Etat islamique (EI) et la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) lors de la première, et exclusivement les YPG lors de la deuxième.

Partenaires des Occidentaux dans la lutte antijihadiste, les YPG sont considérées comme une organisation "terroriste" par Ankara pour leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène une guérilla en Turquie.

En août 2016, la Turquie lance l'opération "Bouclier de l'Euphrate" dans le nord de la Syrie. En février 2017, son armée reprend Al-Bab, bastion de l'EI dans la province septentrionale d'Alep, ce qui permet à Ankara d'établir un tampon entre les différents territoires contrôlés dans le nord de la Syrie par des groupes kurdes.

Fin mars, la Turquie annonce que son opération s'est "achevée avec succès".

De janvier à mars 2018, les forces turques et leurs supplétifs syriens prennent aux YPG l'ensemble d'Afrine (nord-ouest) à l'issue de l'offensive terrestre et aérienne baptisée "Rameau d'olivier".

- Etats-Unis -

En 2014, après que des combattants de l'EI eurent saisi de larges pans de territoires en Irak et en Syrie, où ils ont profité du chaos provoqué par la guerre civile, Washington forme une coalition antijihadiste de plus de 70 pays.

Celle-ci commence à bombarder des positions de l'EI en septembre.

Principal contributeur, les Etats-Unis vont déployer 2.000 soldats en Syrie, principalement des forces spéciales, et mobiliser d'importants moyens aériens et navals.

En décembre 2018, Donald Trump ordonne, à la surprise générale, un retour "immédiat" des soldats américains, avant de préciser quelques mois plus tard qu'environ 400 de ces militaires resteront finalement sur le terrain "pour un certain temps".

L'annonce début octobre 2019 par le président américain du retrait des forces déployées près de la frontière avec la Turquie laisse le champ libre à l'intervention d'Ankara contre les forces kurdes.

- Russie -

En septembre 2015, Moscou, principal allié du pouvoir de Damas, entame une campagne de frappes aériennes en soutien aux troupes du régime, en grande difficulté.

L'intervention russe va remettre en selle le régime de Bachar al-Assad, permettant à ses forces de reprendre de vastes pans du territoire et d'enchaîner les victoires face aux rebelles et aux jihadistes, au prix de bombardements meurtriers et de destructions massives.

La Russie dispose de deux bases militaires en Syrie: l'aérodrome de Hmeimim dans le nord-ouest et le port de Tartous, plus au sud.

Selon Moscou, 3.000 militaires sont présents, en plus des avions, hélicoptères, navires de guerre et autres sous-marins. Plus de 63.000 militaires russes ont servi dans la campagne syrienne.

- Iran et Hezbollah libanais -

Dès le début de la guerre, l'Iran chiite, principal allié régional du régime de Damas, a volé au secours de Bachar al-Assad, issu de la minorité alaouite, une branche du chiisme.

Téhéran nie la présence de troupes régulières mais admet l'envoi de membres des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique iranienne, comme "conseillers militaires" des forces syriennes, et de milliers de "volontaires" venus d'Iran, d'Afghanistan ou du Pakistan.

Allié de l'Iran, le puissant mouvement chiite libanais Hezbollah a reconnu officiellement en 2013 son implication militaire au côté du régime syrien.

Son chef Hassan Nasrallah a déclaré en juillet avoir réduit le nombre de ses combattants, qui étaient entre 5.000 et 8.000, selon des experts.

- Israël -

Israël et la Syrie restent officiellement en état de guerre. Les tensions se sont avivées avec l'engagement du Hezbollah et de l'Iran, ennemis d'Israël, aux côtés du régime d'Assad.

Depuis le début du conflit, l'armée israélienne mène régulièrement des frappes en Syrie contre des positions militaires du régime, du Hezbollah ou des forces iraniennes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.