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Syrie: les groupes kurdes rivaux sur la voie de la réconciliation


Mercredi 17 juin 2020 à 18h28

Qamichli (Syrie), 17 juin 2020 (AFP) — Les groupes kurdes rivaux en Syrie ont rapproché leurs vues et décidé de coopérer davantage, une étape cruciale pour garantir une représentation de l'ensemble de la minorité kurde dans tout règlement du conflit.

Cet accord a été annoncé mercredi au terme de rares négociations de réconciliation tenues à Hassaké (nord-est) et parrainées par les Etats-Unis.

Le Conseil national kurde (KNC), une coalition de factions kurdes membre de l'opposition politique syrienne basée en Turquie, est un rival du Parti de l'Union démocratique (PYD) qui domine la région à majorité kurde du nord-est de la Syrie, pays ravagé par la guerre depuis 2011.

Les négociations "pour l'unité kurde" ont pris fin tard mardi. Les deux camps "se sont entendus sur une vision politique unifiée" et se sont engagés à poursuivre les discussions "avec l'objectif de signer un accord global dans un avenir proche", selon le communiqué.

Pour le KNC, la domination politique et militaire du PYD a entraîné une marginalisation de certains groupes kurdes.

En 2017, l'administration du PYD a fermé les bureaux des partis kurdes d'opposition, dont le KNC qui a dénoncé une purge politique. Ces bureaux ont été rouverts il y a trois mois.

Des négociations de réconciliation ont alors été lancées sous le parrainage des Etats-Unis.

Ces derniers ont soutenu les forces kurdes, principalement le PYD, dans leur combat contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Selon Mohammad Ismaïl, un dirigeant du KNC, les négociations visent à "former une administration conjointe en charge des affaires politiques et militaires" et à établir une "position kurde unifiée" sur différentes questions.

Le KNC entretient des liens avec la Turquie qui considère le PYD comme un groupe "terroriste" car proche du mouvement kurde indépendantiste turc du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

L'hostilité d'Ankara contre le PYD et sa branche militaire, les YPG, a joué un rôle dans leur exclusion des négociations en vue d'un règlement en Syrie.

Le KNC a lui participé par le passé à des négociations sous l'égide de l'ONU.

"Pour le PYD, parvenir à un accord d'unité avec le KNC est un ticket pour les négociations de Genève", dont le prochain round doit en principe avoir lieu fin août, souligne Nicholas Heras, chercheur à l'Institute for the Study of War (ISW).

Les Etats-Unis, eux, ont besoin d'un accord interkurde "pour maintenir la stabilité dans le nord-est de la Syrie. Cela conforterait le maintien de la présence américaine dans le pays", dit-il.

Réprimés pendant des décennies, les Kurdes ont profité du retrait de l'armée syrienne de leurs régions dans le Nord pendant le conflit pour y établir une administration locale. Ils contrôlent environ 20% du territoire.

La communauté kurde a entamé un rapprochement avec le régime, espérant sauver son autonomie par le biais de négociations.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.