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Syrie: les forces turques et kurdes s'accusent mutuellement de violer la trêve


Samedi 19 octobre 2019 à 18h54

Ras al-Ain (Syrie), 19 oct 2019 (AFP) — Les forces kurdes et Ankara se sont mutuellement accusées samedi de violer une trêve dans le nord-est de la Syrie, le président turc menaçant d'"écraser les têtes" des combattants kurdes, à trois jours de l'expiration du délai pour leur retrait.

Annoncé jeudi, l'accord de trêve négocié par Washington implique un retrait des forces kurdes --dont certaines sont considérées comme "terroristes" par Ankara-- d'une région frontalière de la Turquie, en échange de l'arrêt de l'offensive turque lancée contre elles le 9 octobre.

En quelques jours, les forces turques et leurs supplétifs syriens ont conquis une bande frontalière de près de 120 km, allant de la ville de Tal Abyad à Ras al-Aïn, ville où les forces kurdes opposaient cette semaine une farouche résistance.

Mazloum Abdi, le commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance dominée par les Kurdes, a accusé samedi la Turquie de saboter l'accord en empêchant le retrait des combattants de la ville assiégée de Ras al-Aïn.

L'accord "contient un point essentiel stipulant l'ouverture d'un couloir sous le parrainage des Etats-Unis", a-t-il affirmé, dans un entretien avec l'AFP.

Mais les "Turcs empêchent le retrait du secteur de Ras al-Aïn, empêchant la sortie de nos forces, des blessés et des civils", a-t-il ajouté.

Il a assuré que les FDS sont engagées à se retirer, comme le stipule selon eux l'accord, d'une zone frontalière de 120 km de longueur entre Ras al-Aïn et Tal-Abyad, dès que les Turcs les laisseront sortir de Ras al-Aïn.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, Ras al-Aïn a connu un calme relatif samedi, en dépit de pilonnages sporadiques de la part de supplétifs syriens proturcs, tandis que les secteurs voisins ont été la cible de violents bombardements.

L'OSDH a fait état de l'évacuation par un convoi médical de 30 blessés de Ras al-Aïn, ainsi que de quatre personnes ayant succombé à leurs blessures.

- "Terroristes -

"Les Turcs continuent d'attaquer nos forces", a affirmé M. Abdi, faisant porter aux "Américains l'entière responsabilité de ces attaques car ils ne font pas pression sur la Turquie".

Ankara a de son côté également accusé les forces kurdes de violer la trêve, avec "14 attaques" menées "dans les dernières 36 heures".

"Les forces armées turques respectent totalement l'accord", a aussi déclaré le ministère turc de la Défense dans un communiqué.

Le président Recep Tayyip Erdogan a menacé samedi d'"écraser les têtes" des combattants kurdes dans le nord-est de la Syrie s'ils ne s'en retirent pas dans le délai expirant mardi.

"Dès que le délai de 120 heures expire, nous reprendrons là où nous nous étions arrêtés et continuerons à écraser les têtes des terroristes", a déclaré M. Erdogan dans un discours, en référence aux forces kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), principale composante des FDS et considérées comme "terroristes" par Ankara.

- "Droit légitime" -

Outre les retrait des forces kurdes, l'accord de trêve prévoit la mise en place d'une "zone de sécurité" de 32 km de profondeur en territoire syrien, même si la longueur de cette bande, que le président turc veut à terme étendre sur près de 450 km, reste pour l'instant à définir.

Le porte-parole des FDS, Kino Gabriel, avait indiqué vendredi sur Twitter que les FDS étaient "désormais en position défensive sur toutes les lignes de front".

"Nous répétons que nous ferons usage de notre droit légitime à l'autodéfense en cas d'attaque de la part des milices soutenues par la Turquie", a-t-il ajouté.

L'offensive lancée par Ankara le 9 octobre avec des supplétifs syriens a ouvert un nouveau front dans la Syrie en guerre depuis 2011.

L'objectif est d'éloigner de la frontière les combattants kurdes, mais aussi d'y installer une partie des 3,6 millions de réfugiés syriens vivant en Turquie.

L'opération turque a déjà causé la mort de plus de 500 personnes, et, selon l'OSDH, 300.000 ont dû être déplacées.

str-feb/cgo

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.