Jeudi 27 janvier 2022 à 13h51
Hassaké (Syrie), 27 jan 2022 (AFP) — Les forces kurdes ont découvert jeudi des dizaines de jihadistes retranchés dans une prison en Syrie, dont les autorités ont annoncé avoir repris le contrôle la veille, près d'une semaine après l'attaque sanglante du groupe Etat islamique (EI) qui a fait plus de 200 morts.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes et fer de lance de la lutte anti-EI en Syrie, avaient déclaré mercredi avoir repris le contrôle total de la prison de Ghwayran dans la ville de Hassaké (nord-est), mettant fin à six jours de combats.
Mais le lendemain, des opérations de ratissage ont permis de découvrir 60 à 90 jihadistes encore dissimulés dans une aile de la prison, selon les FDS, qui précisent qu'environ 3.500 membres de l'EI s'étaient rendus.
L'attaque lancée le 20 janvier par l'EI contre cette prison où étaient détenus des milliers de jihadistes est la plus importante offensive de l'EI depuis sa défaite territoriale en Syrie en 2019 face aux forces kurdes. L'administration autonome kurde contrôle de vastes régions du nord et nord-est de la Syrie.
Depuis jeudi dernier, les affrontements ont également poussé à la fuite par un temps glacial environ 45.000 personnes qui vivaient dans les secteurs proches de la prison, d'après l'ONU. Nombre d'entre eux ont dû se réfugier dans des mosquées ou des salles de mariage à Hassaké.
Un couvre-feu est en vigueur dans cette ville depuis quatre jours, les forces kurdes soutenues par les États-Unis bloquant toutes les entrées pour empêcher les jihadistes en fuite de se rendre vers d'autres régions.
Jeudi, des familles se sont rassemblées à un poste de contrôle érigé à l'entrée du quartier de Ghwayran, implorant les forces de sécurité de les laisser passer, selon un correspondant de l'AFP.
"Nous sommes venus voir notre maison, mais ils nous ont refoulés parce que la situation n'est pas sure", a déclaré Abu Hamza qui attendait dans le froid glacial avec ses cinq enfants.
- Civils pris au piège -
A proximité, deux femmes portant des sacs en plastique remplis de pain espéraient également accéder au quartier de Ghwayran où, selon elles, des civils sont pris au piège: "Les gens se sont retrouvés sans pain, sans eau, sans rien", a déclaré l'une des femmes à l'AFP.
"Nous sommes venus, et avons risqué nos vies pour acheter du pain pour le quartier et nous allons le distribuer", a-t-elle déclaré.
Pas moins de 156 jihadistes, 55 combattants kurdes et sept civils ont été tués dans les violences à Hassaké depuis le début de l'attaque contre la prison le 20 janvier, selon l'OSDH.
Cet établissement abritait au moins 3.500 jihadistes parmi lesquels au environ 700 mineurs au moment où l'EI avait lancé un assaut avec des camions piégés et des armes lourdes.
L'ONU et des organisations de défense des droits humains ont fait également état de centaines de mineurs enfermés dans cette ancienne école reconvertie en centre de détention.
"La reprise de la prison par les forces dirigées par les Kurdes met fin à cette épreuve meurtrière, mais la crise plus large impliquant ces prisonniers est loin d'être terminée", avait estimé mercredi l'ONG Human Rights Watch mercredi.
Les prisonniers qui se sont rendus ont été transférés vers des installations plus sûres, selon les FDS. Les Kurdes réclament en vain depuis des années le rapatriement de quelque 12.000 jihadistes de plus de 50 nationalités -- de pays européens et autres -- détenus dans leurs prisons.
Mais la plupart des pays occidentaux refusent de rapatrier l'ensemble de leurs citoyens détenus dans les prisons et camps sous contrôle des Kurdes, se contentant de rapatriements au compte-gouttes.
Des experts voient dans l'assaut jihadiste une étape vers la résurgence de l'EI, qui s'est replié dans le désert syrien après sa défaite en Syrie et en 2017 en Irak, pays voisin.
Et comme toujours les civils payent le prix des violences dans un pays où la guerre complexe aux multiples protagonistes a fait environ 500.000 morts depuis 2011.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.