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Syrie: les développements depuis le début de l'opération turque


Mercredi 16 octobre 2019 à 21h49

Beyrouth, 16 oct 2019 (AFP) — Rappel des principaux développements depuis le début, il y a une semaine, de l'opération militaire lancée par la Turquie contre les forces kurdes dans le nord de la Syrie.

- Erdogan lance l'opération -

Le 9 octobre, le président turc Recep Tayyip Erdogan annonce le début d'une nouvelle opération militaire contre la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG), alliée des Occidentaux dans la lutte antijihadiste, la troisième que mène Ankara dans ce pays depuis 2016.

Selon lui, l'offensive, baptisée "Source de paix", vise "les terroristes" des YPG et du groupe Etat islamique (EI), et a pour objectif de mettre en place une "zone de sécurité" et "permettre le retour des réfugiés syriens dans leur pays".

Des régions frontalières, notamment Tal Abyad et Ras al-Aïn, sont bombardées par l'aviation et l'artillerie turques.

Dans la soirée, Ankara annonce que des militaires turcs, aidés par leurs supplétifs syriens, ont pénétré en Syrie, marquant le début de la phase terrestre.

- Tollé international -

Le président américain Donald Trump estime que l'opération est "une mauvaise idée" et dit espérer que son homologue turc agisse de manière "rationnelle" et aussi "humaine" que possible.

C'est pourtant le retrait, deux jours auparavant, de forces américaines du nord syrien près de la frontière avec la Turquie qui a laissé le champ libre à Ankara.

L'opération suscite un tollé international, plusieurs pays, notamment européens, s'inquiétant du sort des civils mais aussi des nombreux jihadistes détenus par les Kurdes qui pourraient s'enfuir.

Le 11, les forces turques intensifient leurs bombardements. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance dominée par les YPG, luttent pour freiner leur avancée, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

- Jihadistes -

Les autorités kurdes affirment que cinq jihadistes de l'EI se sont évadés d'une prison près de Qamichli, après des raids turcs.

Quelque 12.000 combattants de l'EI, des Syriens, des Irakiens mais aussi 2.500 à 3.000 étrangers, sont détenus dans les prisons sous contrôle des Kurdes, d'après des sources kurdes.

Selon le Pentagone, des troupes américaines se sont retrouvées sous le feu de positions turques près de Kobané. Ankara nie les avoir visées.

Le 13, l'administration kurde annonce la fuite de près de 800 proches de jihadistes du camp de déplacés d'Aïn Issa.

- Avancée turque -

L'OSDH rapporte que les forces turques et leurs supplétifs syriens ont pris Tal Abyad, plus grande ville conquise depuis le début de l'offensive.

Ankara dit avoir pris le contrôle d'un important axe routier, "en s'enfonçant à 30-35 km de profondeur" en Syrie.

Depuis, l'armée turque et ses supplétifs syriens ont conquis une bande de territoire à la frontière s'étalant sur environ 120 kilomètres.

- Les Kurdes font appel au régime -

Le Pentagone annonce que Donald Trump a ordonné "un retrait délibéré des forces américaines" du nord de la Syrie.

Les Kurdes, qui ont accusé les Américains de les avoir "abandonnés", confirment avoir conclu un accord avec Damas pour le déploiement de l'armée syrienne près de la frontière turque.

Le 14, Damas envoie ses troupes dans le Nord pour tenter de ralentir l'offensive turque.

Un responsable américain sous couvert d'anonymat annonce que les quelque 1.000 soldats américains déployés dans le Nord syrien ont reçu l'ordre de quitter le pays.

- Le régime à Minbej et Kobané -

Le 15, les forces syriennes prennent le contrôle de Minbej et des troupes russes patrouillent la zone afin d'éviter des heurts turco-syriens.

Le 16, M. Erdogan somme les forces kurdes de déposer les armes et se retirer du nord de la Syrie, rejetant l'appel au cessez-le-feu de Donald Trump, qui a dépêché en Turquie son vice-président Mike Pence et son secrétaire d'Etat Mike Pompeo.

Les troupes du régime ainsi que des soldats russes entrent dans la ville kurde de Kobané, à la frontière turque.

Le Conseil de sécurité de l'ONU s'inquiète "du risque de dispersion" des prisonniers jihadistes, sans toutefois réclamer la fin de l'offensive.

Donald Trump nie avoir donné un "feu vert" à son homologue turc pour envahir le nord de la Syrie. Il estime que les Kurdes "ne sont pas des anges" et que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui livre une sanglante guérilla en Turquie, est "probablement" une plus grande "menace terroriste" que l'EI.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.