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Syrie: les développements depuis le début de l'opération turque


Lundi 14 octobre 2019 à 17h01

Beyrouth, 14 oct 2019 (AFP) — Voici un film des principaux développements depuis le début, le 9 octobre, de l'opération militaire lancée par la Turquie contre les forces kurdes dans le nord de la Syrie.

Baptisée "Source de paix", cette offensive est la troisième que mène Ankara dans ce pays depuis 2016.

- Erdogan lance l'opération -

Le 9 octobre, le président turc Recep Tayyip Erdogan annonce le début d'une nouvelle opération militaire contre la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG), alliée des Occidentaux dans la lutte antijihadistes.

Selon lui, l'offensive vise "les terroristes" des YPG et du groupe Etat islamique (EI), et a pour objectif de mettre en place une "zone de sécurité" pour "permettre le retour des réfugiés syriens dans leur pays".

Des régions frontalières, notamment Tal Abyad et Ras al-Aïn, sont bombardées par l'aviation et l'artillerie turques.

Dans la soirée, Ankara annonce que des militaires turcs, aidés par leurs supplétifs syriens, ont pénétré en Syrie, marquant le début de la phase terrestre.

- Tollé international -

Le président américain Donald Trump estime que l'opération turque est "une mauvaise idée", et dit espérer que son homologue turc agisse de manière "rationnelle" et aussi "humaine" que possible.

C'est pourtant le retrait, deux jours auparavant, des forces américaines déployées dans le nord syrien près de la frontière avec la Turquie qui a laissé le champ libre à Ankara.

L'opération suscite un tollé international, plusieurs pays, notamment européens, s'inquiétant du sort des civils mais aussi des nombreux jihadistes détenus par les Kurdes qui pourraient s'enfuir.

M. Erdogan menace le lendemain d'ouvrir les portes de l'Europe à des millions de réfugiés installés en Turquie, en réponse aux critiques.

- Jihadistes -

Le 11, les forces turques intensifient leurs bombardements. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les YPG, luttent pour freiner leur avancée, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Les autorités kurdes affirment que cinq jihadistes de l'EI se sont évadés d'une prison près de Qamichli, après des raids turcs. Le groupe ultraradical revendique un attentat meurtrier dans cette ville.

Quelque 12.000 combattants de l'EI, des Syriens, des Irakiens mais aussi 2.500 à 3.000 étrangers originaires de 54 pays, sont détenus dans les prisons des Kurdes, d'après des sources kurdes.

- "Couteau dans le dos" -

Selon le Pentagone, des troupes américaines se sont retrouvées sous le feu de positions turques près de Kobané. Ankara nie les avoir visées.

Le ministère américain des Finances affirme que Donald Trump va signer un décret permettant le déclenchement à tout moment de sanctions visant à "dissuader la Turquie de toute extension de son offensive".

Le 12, les FDS appellent Washington à fermer "l'espace aérien face à l'aviation turque". Elles accusent les Américains de les avoir "abandonnées" en retirant leurs troupes de la frontière, évoquant "un coup de couteau dans le dos".

- Avancée turque -

Le 13, l'administration kurde annonce la fuite de près de 800 proches de jihadistes de l'EI du camp de déplacés d'Aïn Issa.

L'OSDH rapporte que les forces turques et leurs supplétifs syriens ont pris Tal Abyad, plus grande ville conquise depuis le début de l'offensive.

Ankara dit avoir pris le contrôle d'un important axe routier, "en s'enfonçant à 30-35 km de profondeur" en Syrie.

Les forces turques ont jusque-là conquis une bande territoriale longue d'environ 120 km, allant de Tal Abyad à l'ouest de Ras al-Aïn.

- Damas envoie des troupes -

Le Pentagone annonce que Donald Trump a ordonné "un retrait délibéré des forces américaines" du nord de la Syrie, évoquant "moins" de 1.000 soldats concernés.

Selon l'agence de presse étatique Sana, l'armée syrienne va envoyer des troupes pour "affronter l'agression" turque.

Les Kurdes de Syrie confirment avoir conclu un accord avec Damas pour le déploiement de l'armée syrienne près de la frontière turque.

Le 14, les troupes syriennes se rapprochent de cette frontière. Elles se déploient à la périphérie de Tal Tamr, au sud de Ras al-Aïn. Des chars du régime se trouvent dans d'autres secteurs, près de Minbej, et aux abords des villes de Tabqa et de Aïn Issa, d'après l'OSDH.

Ankara accuse les forces kurdes d'avoir délibérément relâché des membres de l'EI qu'elles détenaient dans le nord-est de la Syrie pour "semer le chaos" dans cette région.

Un responsable américain sous couvert d'anonymat annonce que les quelque 1.000 soldats américains déployés dans le nord syrien ont reçu l'ordre de quitter le pays.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.