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Syrie: les développements depuis le début de l'opération turque


Samedi 12 octobre 2019 à 19h03

Beyrouth, 12 oct 2019 (AFP) — Voici un film des principaux développements depuis le début mercredi de l'opération militaire lancée par la Turquie contre les forces kurdes dans le nord de la Syrie.

Cette offensive, baptisée "Source de paix", est la troisième que mène Ankara dans ce pays depuis 2016.

- Erdogan lance l'opération -

Le 9 octobre, le président turc Recep Tayyip Erdogan annonce le début d'une nouvelle opération militaire contre la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG), soutenue par les pays occidentaux.

Selon lui, l'offensive vise "les terroristes" des YPG et du groupe jihadiste Etat islamique (EI), et a pour objectif de mettre en place une "zone de sécurité" pour "permettre le retour des réfugiés syriens dans leur pays".

Des régions frontalières, notamment les localités de Tal Abyad et Ras al-Aïn, sont bombardées par l'aviation et l'artillerie turques.

Dans la soirée, Ankara annonce que des militaires turcs et leurs supplétifs syriens ont pénétré en Syrie, marquant le début de la phase terrestre de l'opération.

- Tollé international -

Le président américain Donald Trump estime que l'opération est "une mauvaise idée", tout en espérant que son homologue turc agisse de manière "rationnelle" et aussi "humaine" que possible.

C'est pourtant son annonce, trois jours auparavant, du retrait des forces américaines déployées dans le nord de la Syrie près de la frontière avec la Turquie qui a laissé le champ libre à l'intervention d'Ankara.

Celle-ci suscite un tollé international, plusieurs pays, notamment européens, s'inquiétant du sort des civils mais aussi des nombreux jihadistes détenus par les Kurdes et qui pourraient s'enfuir.

Le sénateur républicain américain Lindsey Graham, proche de M. Trump, l'accuse d'avoir "honteusement abandonné les Kurdes" et se dit favorable à ce qu'"Erdogan paie très cher".

- Jihadistes emprisonnés -

Le 10, la Turquie affirme que l'offensive a été "menée avec succès durant la nuit, dans les airs et au sol".

Les forces kurdes annoncent avoir repoussé un nouvel assaut terrestre de l'armée turque. Tirs d'artillerie sporadiques à Tal Abyad et Ras al-Aïn, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

M. Erdogan menace d'ouvrir les portes de l'Europe à des millions de réfugiés installés en Turquie, en réponse aux critiques européennes.

L'administration autonome kurde annonce que des bombardements turcs ont touché une prison abritant des combattants étrangers de l'EI.

Quelque 12.000 combattants de l'EI, des Syriens, des Irakiens mais aussi 2.500 à 3.000 étrangers originaires de 54 pays, sont détenus dans les prisons des Kurdes, selon un responsable de cette administration.

M. Trump a chargé la diplomatie américaine de tenter d'arranger un cessez-le-feu, selon un responsable américain.

- Menace de sanctions -

Le 11, les forces turques intensifient leurs bombardements. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les YPG, qui utilisent des tunnels et des tranchées pour se défendre, luttent pour freiner leur avancée, selon l'OSDH.

Les autorités kurdes affirment que cinq jihadistes de l'EI se sont évadés d'une prison près de Qamichli, après des raids turcs. Le groupe ultraradical revendique un attentat à la voiture piégée dans cette ville ayant fait six morts.

Le ministère américain des Finances affirme que Donald Trump va signer un décret permettant le déclenchement à tout moment de sanctions, visant à "dissuader la Turquie de toute extension de son offensive militaire".

Selon le Pentagone, des troupes américaines se sont retrouvées sous le feu de positions turques près de Kobané. Ankara nie les avoir visé.

- Combats à Ras al-Aïn -

Le 12, la Turquie affirme que ses forces ont capturé Ras al-Aïn. Mais les forces kurdes démentent et, selon l'OSDH et un correspondant de l'AFP, les forces turques et leurs alliés y sont entrés mais les combats se poursuivent.

Les FDS appellent Washington, accusé de les avoir "abandonnées", à "assumer ses responsabilités morales" et à "respecter ses promesses".

Selon l'OSDH, au moins neuf civils ont été "exécutés" par les supplétifs syriens qui participent à l'offensive d'Ankara.

Depuis son lancement, 81 combattants kurdes et 38 civils ont été tués selon l'OSDH, et 100.000 personnes ont été déplacées d'après l'ONU. Ankara a annoncé la mort de quatre soldats en Syrie et de 18 civils dans la chute de roquettes tirées par les forces kurdes sur des villes en Turquie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.