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Syrie: les deux précédentes opérations de la Turquie


Lundi 7 octobre 2019 à 14h50

Paris, 7 oct 2019 (AFP) — La Turquie a mené deux offensives en Syrie en 2016 et début 2018 pour éloigner de sa frontière les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) et les combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG).

- "Bouclier de l'Euphrate" -

Le 24 août 2016, la Turquie lance l'opération militaire "Bouclier de l'Euphrate" dans le nord de la Syrie, de l'autre côté de sa frontière. En quelques heures, des centaines de rebelles syriens appuyés par l'aviation et les chars turcs prennent la localité frontalière de Jarablos aux jihadistes de l'EI.

Ankara affirme que l'opération vise à débarrasser la frontière à la fois des jihadistes de l'EI et des YPG.

L'opération intervient quelques jours après un attentat attribué à l'EI qui a tué 54 civils à Gaziantep (sud-est). Ankara avait été jusque-là accusé de complaisance à l'égard des jihadistes, responsables de plusieurs attaques meurtrières en Turquie depuis 2015.

Mais la Turquie veut aussi éviter la formation d'une zone autonome kurde continue le long de la frontière.

Début août, les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les YPG et soutenues par la coalition emmenée par Washington, s'étaient emparées de Minbej, fief de l'EI, à 30 km de la frontière turque.

Pour Ankara, les YPG sont le prolongement du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en conflit depuis 1984 avec l'armée turque et considéré par Ankara comme une "organisation terroriste".

En février 2017, l'armée turque annonce la prise d'Al-Bab, objectif final de l'opération selon Ankara et bastion de l'EI dans la province septentrionale d'Alep. La prise de cette ville permet à Ankara d'établir un tampon entre les différents territoires contrôlés dans le nord de la Syrie par des groupes kurdes.

Fin mars, la Turquie annonce que son opération s'est "achevée avec succès".

- "Rameau d'olivier" -

Le 20 janvier 2018, la Turquie lance une offensive terrestre et aérienne baptisée "Rameau d'olivier" contre les YPG dans la région d'Afrine (nord-ouest), l'un des trois cantons de la région "fédérale" kurde autoproclamée en 2016.

Le lendemain, des chars et des militaires turcs entrent dans la région d'Afrine. Le Premier ministre turc indique que l'objectif est d'établir une "zone de sécurité" d'une profondeur de 30 km à partir de la frontière.

Le 18 mars, les forces turques et leurs supplétifs syriens prennent aux milices YPG l'ensemble de la ville d'Afrine.

Selon l'ONU, la moitié des 320.000 habitants de l'enclave ont fui leurs foyers lors de l'offensive marquée par des pillages.

Amnesty International exhorte la Turquie à mettre un terme aux "graves violations des droits de l'Homme" à Afrine, accusant la Turquie de "fermer les yeux" sur les exactions.

Ankara a toujours démenti viser les populations, mais selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), près de 300 civils ont péri. L'opération a fait plus de 1.500 morts parmi les miliciens kurdes et 400 parmi les groupes syriens pro-Ankara, d'après l'OSDH.

Quarante-cinq soldats turcs ont été tués, selon Ankara.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.