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Syrie: le drapeau turc flotte sur la ville kurde d'Afrine


Dimanche 18 mars 2018 à 16h14

Afrine (Syrie), 18 mars 2018 (AFP) — Le drapeau turc flotte désormais sur Afrine: après quasiment deux mois d'offensive, la Turquie et ses alliés syriens ont rempli un objectif majeur en chassant de cette ville du nord-ouest de la Syrie la milice kurde qu'Ankara considère comme "terroriste".

Les Kurdes de Syrie ont réagi en promettant de se battre pour la "libération" de toute la région d'Afrine, cible depuis le 20 janvier d'une offensive de la Turquie qui avait pour but d'en déloger les Unités de protection du peuple (YPG). Cette milice, considérée par Ankara comme une menace à sa frontière, a été l'allié de Washington dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

Ces derniers jours, l'avancée des forces turques et de leurs alliés rebelles syriens vers la ville d'Afrine a entraîné un exode massif de civils, à l'image de celui également en cours sur un autre front syrien, dans la Ghouta orientale, près de Damas, où le régime combat des groupes rebelles.

Dimanche, quelques heures après leur entrée dans Afrine, combattants syriens et soldats turcs se sont déployés dans l'ensemble des quartiers de la ville, tirant en l'air et paradant pour célébrer leur victoire, ont rapporté des correspondants de l'AFP.

Perchés sur le balcon d'un bâtiment public, des soldats ont brandi le drapeau turc. Plus loin, des rebelles syriens se sont rassemblés au pied d'une statue d'une figure historique de la résistance kurde, déboulonnée.

"Des unités des Forces syriennes libres, qui sont soutenues par les forces armées turques, ont pris le contrôle total du centre-ville d'Afrine à 08H30" (05H30 GMT), a annoncé triomphalement le président turc, Recep Tayyip Erdogan.

L'administration locale kurde de la région d'Afrine a toutefois promis que ses combattants deviendraient un "cauchemar permanent" pour l'armée turque et les rebelles syriens dans l'enclave.

"La résistance à Afrine va se poursuivre jusqu'à la libération de chaque territoire", a-t-elle clamé dans un communiqué.

- 'Pas fini' -

A la mi-journée, aucun combattant des YPG n'était visible dans la ville d'Afrine, où se trouvaient seulement quelques civils, a constaté un correspondant de l'AFP.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a indiqué que plus de 1.500 combattants kurdes avaient été tués, ainsi que 400 rebelles alliés à la Turquie, depuis le début de l'offensive sur l'enclave.

L'armée turque a de son côté fait état de 46 soldats tués et 225 blessés dans ses rangs.

Avec le quasi-encerclement de la ville, les bombardements aériens et les tirs d'artillerie s'étaient intensifiés ces derniers jours.

La Turquie nie avoir visé la population mais l'OSDH évalue à plus de 280 le nombre de civils tués depuis le début de l'offensive d'Ankara.

Echappant à l'avancée des forces turques, près de 250.000 personnes ont quitté depuis mercredi la ville d'Afrine, empruntant un couloir dans le sud de la cité menant vers des territoires tenus par les Kurdes ou le régime syrien, a indiqué l'OSDH.

D'après cette ONG, il ne resterait que quelques milliers d'habitants dans la ville.

Entré dans sa huitième année, le conflit syrien implique à ce jour plusieurs acteurs régionaux et puissances internationales sur un territoire morcelé. Cette guerre complexe a tué plus de 350.000 personnes depuis 2011 et jeté des millions sur la route de l'exil.

- 'Pourparlers' dans la Ghouta -

Sur un autre front de cette guerre, un second exode massif de civils est ainsi en cours, dans la Ghouta orientale, où l'enclave rebelle assiégée depuis 2013 se réduit comme peau de chagrin face à l'avancée du régime.

Dimanche, pour la première fois depuis des années, le président syrien Bachar al-Assad s'est d'ailleurs rendu dans la Ghouta, auprès des troupes du régime poursuivant l'offensive contre ce dernier fief rebelle aux portes de Damas, ont rapporté ses services.

Après un mois d'offensive, l'enclave est désormais scindée en trois. L'avancée du régime, qui contrôle plus de 80% du fief rebelle, s'est faite au prix d'un lourd bilan humain: selon l'OSDH, les bombardements ont tué au moins 1.400 civils, dont 274 enfants.

Et "des milliers de civils" continuent de fuir la poche sud tenue par le groupe rebelle Faylaq al-Rahmane, en direction des territoires gouvernementaux, d'après l'OSDH.

Selon la même source, ce secteur "attend l'annonce d'un accord entre Faylaq al-Rahmane et la Russie, concernant l'évacuation des rebelles vers le nord de la Syrie".

Le porte-parole du groupe rebelle, Waël Alwane, a fait état de "pourparlers" avec une délégation de l'ONU, assurant que "des préparatifs sont en cours pour la tenue de négociations sérieuses garantissant la sécurité et la protection des civils".

Pour échapper aux bombardements et à la mort, plus de 65.000 personnes ont fui les territoires rebelles dans la Ghouta ces derniers jours, d'après l'OSDH.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.