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Syrie: le chef de l'EI présumé mort dans une opération américaine selon des médias


Dimanche 27 octobre 2019 à 11h14

Baricha (Syrie), 27 oct 2019 (AFP) — Le chef de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi, a été visé par une opération militaire des Etats-Unis dans le nord-ouest de la Syrie dans laquelle il aurait été tué, ont indiqué des médias américains avant une déclaration dimanche annoncée comme "très importante" de Donald Trump.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources sur le terrain, des commandos américains ont été héliportés et débarqués dans la nuit dans la région d'Idleb pour une "opération ciblant de hauts dirigeants de l'EI", le groupe Etat islamique.

Sans confirmer nommément la mort d'Abou Bakr al-Baghdadi, les forces kurdes en Syrie ont pour leur part salué une "opération historique" menée grâce à un "travail conjoint des renseignements" avec Washington, tandis que la Turquie a affirmé avoir été en "coordination" avec les Etats-Unis avant l'opération américaine, menée dans un secteur proche de la frontière turque.

"Le président des Etats-Unis fera une annonce très importante" dimanche à 09H00 (13H00 GMT) depuis la Maison Blanche, a annoncé un porte-parole à Washington. Donald Trump avait publié auparavant un message sibyllin sur Twitter: "quelque chose d'énorme vient de se passer!".

Dans la nuit de samedi à dimanche, les chaînes de télévision américaines CNN et ABC ont fait état de ce raid visant Abou Bakr al-Baghdadi, considéré comme responsable de multiples attentats sanglants à travers le monde.

Selon CNN, des tests sont en cours afin de pouvoir confirmer formellement la mort du chef du groupe jihadiste qui aurait fait exploser sa veste chargée d'explosifs pour se suicider au moment du raid.

- Intense activité militaire -

Les tirs de huit hélicoptères ont visé après minuit une maison et une voiture aux abords du village de Baricha (nord-ouest), a déclaré à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

L'Observatoire fait état fait état d'au moins neuf morts, dont deux femmes et un enfant, sans pouvoir dire si le chef de l'EI se trouvait dans le secteur.

Abdelhamid, un habitant de Baricha, s'est rendu dans le secteur touché très tôt dimanche matin. "Il y a une maison écroulée, des tentes et une voiture civile endommagées avec deux morts à l'intérieur", a-t-il raconté à l'AFP.

Aux abords de Baricha, un correspondant de l'AFP a pu voir la carcasse d'un minibus carbonisé, touché par des bombardements.

"L'opération a duré au moins jusqu'à 03H30 du matin", a précisé un autre habitant.

Ce développement intervient dans une période d'intense activité militaire dans le nord de la Syrie, où les forces turques ont lancé le 9 octobre une vaste offensive contre les forces kurdes.

De leur côté, le régime de Damas et son allié russe ont accéléré le déploiement de leurs troupes à la frontière syro-turque, tandis que les Américains ont annoncé l'envoi de renforts militaires dans une zone pétrolière plus à l'est.

La dernière apparition de Baghdadi remonte à une vidéo de propagande du 29 avril dernier où il appelle ses partisans à poursuivre le combat.

Il y apparaissait pour la première fois depuis cinq ans et avait promis que son organisation "vengerait" la mort des jihadistes tués de l'EI, affirmant que le combat contre l'Occident était "une longue bataille".

En septembre, il avait appelé dans un enregistrement audio ses partisans à "sauver" les jihadistes détenus dans les prisons et leurs familles vivant dans des camps de déplacés notamment en Syrie et en Irak.

- Califat éradiqué -

C'est à Mossoul, en Irak, que le chef de l'EI a fait sa seule apparition publique connue, en juillet 2014, à la mosquée al-Nouri.

En turban et habit noirs, barbe grisonnante, il avait alors appelé tous les musulmans à lui prêter allégeance à la tête du "califat" de l'EI autoproclamé sur les vastes territoires conquis en Irak et en Syrie voisine.

Ce "califat" a été déclaré éradiqué le 23 mars 2019 par les forces antijihadistes en Syrie, mais le chaos sécuritaire de la région fait craindre une résurgence de l'organisation.

De son vrai nom Ibrahim Awad al-Badri, le chef de l'EI serait né en 1971 dans une famille pauvre de la région de Bagdad. Passionné de football, il a échoué à devenir avocat puis militaire avant d'étudier la théologie.

C'est lors de l'invasion américaine de l'Irak en 2003 qu'il crée un groupuscule jihadiste sans grand rayonnement avant d'être arrêté et emprisonné dans la gigantesque prison de Bucca.

Libéré faute de preuves, il rejoint un groupe de guérilla sunnite sous tutelle d'Al-Qaïda puis en prend la tête quelques années plus tard. Profitant du chaos de la guerre civile, ses combattants s'installent en Syrie en 2013 avant une offensive fulgurante en Irak.

Le groupe, rebaptisé Etat islamique, supplante Al-Qaïda, tandis que ses succès militaires initiaux et sa propagande soigneusement réalisée attirent des milliers de partisans du monde entier.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.