Page Précédente

Syrie: la région d'Afrine, laboratoire de l'administration kurde autonome


Samedi 20 janvier 2018 à 19h21

Beyrouth, 20 jan 2018 (AFP) — La région syrienne d'Afrine, sous le coup d'une offensive menée par la Turquie, a longtemps été réputée pour ses oliveraies et a été la première zone où les Kurdes de Syrie ont installé une administration autonome en 2012.

L'armée turque a lancé samedi une offensive terrestre et aérienne contre cette enclave située dans le nord de la Syrie et contrôlée par une milice kurde considérée comme une organisation terroriste par Ankara.

- Une enclave assiégée -

La région d'Afrine est située dans le nord-ouest de la province d'Alep. Elle est bordée par la Turquie à l'ouest et au nord, et par des régions contrôlées par des rebelles syriens pro-Ankara au sud et à l'est.

L'unique voie vers le monde extérieur est une route menant à Alep, la deuxième cité de Syrie, à 60 km de la ville d'Afrine.

"C'est la seule porte de sortie pour la région d'Afrine qui est presque totalement assiégée", estime Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits l'Homme (OSDH).

"La plupart du temps, cette route est ouverte, mais des combattants des localités de Nebbol et Zahra la ferment dans certaines circonstances", ajoute-t-il.

La région, à majorité kurde, comprend environ 360 villes et villages.

- Pionnière -

Après le début de la guerre en Syrie en 2011, les Kurdes, concentrés dans le nord du pays, ont en grande majorité adopté une position de "neutralité" envers le pouvoir et la rébellion.

En 2012, après le retrait des forces gouvernementales de la zone, Afrine devient la première région kurde à échapper au contrôle du régime de Bachar al-Assad, et tombe aux mains de la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).

Les photos d'Abdullah Öcalan, le chef historique emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation classée "terroriste" par Ankara, surgissent partout à Afrine.

Les leaders kurdes en Syrie utilisent alors Afrine comme un laboratoire d'administration autonome qui sera ensuite appliquée plus tard à d'autres régions kurdes du pays.

Les habitants commencent à parler la langue kurde, longtemps interdite par le gouvernement syrien, et mettent en place des écoles, des centres culturels et des forces de sécurité.

- Montagneuse et agricole -

Plus d'un million de personnes, dont des milliers de déplacés du le conflit, vivent dans la région montagneuse d'Afrine. Elle était connue dans le passé pour son agriculture, notamment ses oliveraies à flanc de collines.

Sa topographie a permis aux combattants kurdes de consolider leurs positions en creusant des tranchés pour repousser les attaques des rebelles.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.