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Syrie: l'opposition en ordre dispersé avant les négociations de paix de Genève


Mercredi 27 janvier 2016 à 04h02

Beyrouth, 27 jan 2016 (AFP) — Une importante frange de l'opposition syrienne doit se prononcer mercredi sur sa participation aux pourparlers de paix en Syrie, dont la tenue le 29 janvier à Genève pourrait être compromise par la présence d'autres opposants, dont les Kurdes.

Le bureau de l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a indiqué à Genève que les invitations avaient été envoyées mardi, tout en refusant de préciser l'identité des personnes invitées à représenter le régime de Bachar al-Assad et l'opposition syrienne.

La date d'ouverture des discussions était prévue pour le 25 janvier mais a dû être reportée au 29 en raison d'un "blocage", selon M. de Mistura, sur la composition des délégations.

Le Haut comité des négociations (HCN), une instance mise en place en décembre à Ryad par des formations clé de l'opposition syrienne, avait récemment insisté pour être la seule représentante de l'opposition.

Cependant, des figures de l'opposition n'appartenant pas au HCN ont affirmé mardi avoir reçu l'invitation de l'ONU.

Réuni depuis mardi à Ryad, le HCN doit décider si ses membres vont ou non participer à ces négociations qui visent à trouver une solution politique au conflit qui a fait en près de cinq ans plus de 260.000 morts et implique de nombreuses puissances étrangères.

Un membre de la délégation du HCN, Fouad Aliko, a indiqué à l'AFP que cette instance avait été invitée.

Une source proche de la réunion a indiqué qu'avant de se prononcer les membres du HCN comptaient demander à M. de Mistura des précisions "sur la nature des invitations" adressées aux autres parties.

Le HCN "poursuivra ses discusions demain" à partir de 10H00 (07H00 GMT), a indiqué mardi soir à l'AFP un des membres, Salem al-Meslet, joint à Ryad.

- Participation kurde ? -

Outre les membres du HCN, Qadri Jamil, un ancien vice-Premier ministre qui avait été limogé en 2013 et entretient de bonnes relations avec la Russie, a confirmé à l'AFP avoir reçu une invitation.

Haytham Manna, une figure de l'opposition qui est co-président du Conseil démocratique syrien (CDS, une alliance d'opposants kurdes et arabes), a également dit à l'AFP avoir été invité "en tant que négociateur".

Le CDS est le bras politique des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance rebelle soutenue par les Etats-Unis et composées principalement des YPG (Unités de protection du peuple), une milice kurde qui contrôle d'importants territoires en Syrie.

Or la participation des Kurdes, en pointe dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui occupe de vastes territoires en Syrie, est un des points de discorde entre les puissances étrangères.

Ils sont ainsi soutenus par Moscou, mais Ankara est fermement opposée à leur participation aux négociations.

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a prévenu mardi que la Turquie ne participerait pas aux pourparlers si les Kurdes syriens du Parti de l'union démocratique (PYD, la branche politique des YPG) y étaient.

Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu avait refusé auparavant "catégoriquement" la présence du PYD et des YPG aux discussions.

Un conseiller de la direction du PYD, Sihanuk Dibo, a cependant indiqué mardi soir à l'AFP que sa formation n'avait pas reçu "jusqu'à présent" d'invitation.

La Russie a elle estimé que, sans les Kurdes, les négociations ne sauraient "donner de résultats".

Moscou est en revanche profondément opposé à la nomination par le HCN comme négociateur en chef de Mohamed Allouche, un chef du groupe armé rebelle pro-saoudien Jaich al-Islam.

Comme les autres puissances étrangères, la Turquie et la Russie ne doivent pas participer directement aux discussions de Genève, mais y jouer un rôle d'observateur.

Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a indiqué mardi qu'il y avait encore "des questions très difficiles à régler" sur la composition des délégations.

Appelées à durer six mois, les négociations doivent porter sur une feuille de route votée en décembre par le Conseil de sécurité de l'ONU qui prévoit un cessez-le-feu, un gouvernement de transition dans les six mois et des élections dans les 18 mois.

L'opposition exige en outre le départ de M. Assad au début de la période de transition.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.