Page Précédente

Syrie : l'offensive turque dans sa 2e semaine, fermeté d'Erdogan


Samedi 27 janvier 2018 à 13h25

Oncupinar (Turquie), 27 jan 2018 (AFP) — L'offensive de l'armée turque contre une milice kurde alliée de Washington dans le nord de la Syrie est entrée samedi dans sa deuxième semaine avec de nouvelles frappes aériennes et d'artillerie, Ankara promettant d'"écraser" toute menace.

Au huitième jour de cette offensive qui suscite l'inquiétude de plusieurs pays occidentaux, la Turquie a affirmé que les Etats-Unis s'étaient engagés à ne plus livrer d'armes à la milice kurdes des Unités de protection du peuple (YPG).

Et alors que plusieurs pays occidentaux ont lancé des appels à la retenue, le président turc Recep Tayyip Erdogan a assuré samedi que son gouvernement était déterminé à "écraser comme un rouleau compresseur" tout ce qui constituerait une menace pour la Turquie.

Celle-ci mène depuis le 20 janvier une offensive dans la région d'Afrine (nord-ouest de la Syrie) contre les YPG. Si Ankara considère ses membres comme des "terroristes", cette milice kurde est l'alliée de la coalition antijihadistes qui combat le groupe Etat islamique (EI).

Samedi, les combats entre les forces turques et les YPG ont repris dans le nord-ouest de la région d'Afrine. "Les frappes aériennes se poursuivent, mais à un rythme moins intense en raison du mauvais temps", a déclaré l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Par ailleurs, des Kurdes de France et d'Allemagne devaient manifester samedi pour dénoncer l'offensive turque. A Cologne (ouest de l'Allemagne), au moins mille personnes défilaient à la mi-journée, selon la police locale.

Une semaine après son déclenchement, l'opération baptisée "Rameau d'olivier" a renforcé les tensions déjà vives entre Ankara et Washington, dont les relations sont empoisonnées depuis un an par leur désaccord au sujet des YPG.

- 'Broyer' -

Le conseiller à la sécurité nationale du président américain H.R. McMaster a "confirmé" au porte-parole du chef de l'Etat turc Ibrahim Kalin que Washington ne fournirait plus d'armes aux YPG, dans un entretien téléphonique vendredi soir, a affirmé samedi la présidence turque.

Un autre entretien téléphonique, mercredi, entre M. Erdogan et Donald Trump, avait mis en lumière le fossé grandissant entre la Turquie et les Etats-Unis : les deux gouvernements avaient donné des versions considérablement divergentes de la conversation.

Faisant fi des appels des Etats-Unis à la "retenue", M. Erdogan a menacé vendredi d'étendre l'offensive turque à d'autres zones du nord de la Syrie contrôlées par les YPG, y compris la ville de Minbej, où plusieurs centaines de soldats américains sont déployés.

"Peu importe le nom de l'organisation terroriste, qu'il s'agisse de Daech (acronyme arabe de l'EI), du PKK ou des YPG. Avec l'aide de Dieu, nous les écraserons comme un rouleau compresseur", a encore averti M. Erdogan samedi dans un discours à Istanbul.

"Nous poursuivrons notre opération là-bas (à Afrine) jusqu'à ce que la tête du terrorisme soit broyée", a renchéri le Premier ministre Binali Yildirim. "Peu importe ce que diront les uns et les autres".

L'administration semi-autonome d'Afrine a quant à elle exhorté jeudi le régime de Damas à intervenir pour empêcher les assauts turcs.

Les groupes kurdes syriens, qui contrôlent aujourd'hui les deux tiers de la frontière longue d'environ 900 km avec la Turquie, entretiennent des rapports ambigus avec le régime syrien, évitant les affrontements. L'opposition syrienne accuse les deux camps de collusion.

Selon l'OSDH, les affrontements ont fait depuis samedi plus de 110 morts dans les deux camps et 38 civils ont été tués, pour la plupart dans des bombardements turcs.

D'après Ankara, qui dément toute frappe contre des civils, trois soldats turcs ont perdu la vie et 30 ont été blessés depuis le début de l'offensive.

Sur le territoire turc, plusieurs projectiles tirés de Syrie ont touché des villes frontalières, notamment Kilis et Reyhanli, faisant au moins quatre morts depuis samedi.

Evoquée depuis plusieurs mois, l'intervention turque à Afrine a été précipitée par l'annonce de la création prochaine par la coalition luttant contre les jihadistes emmenée par Washington, d'une "force frontalière" incluant notamment des YPG.

Plusieurs pays, dont l'Allemagne et la France, ainsi que l'Union européenne, ont exprimé leur préoccupation face à l'intervention turque qui complique davantage encore la situation en Syrie, où la guerre a fait plus de 340.000 morts depuis 2011.

burx-gkg/bds

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.