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Syrie: l'EI contre-attaque pour bloquer l'offensive sur Raqa


Mardi 28 mars 2017 à 14h47

Barrage de Tabqa (Syrie), 28 mars 2017 (AFP) — Les jihadistes du groupe Etat Islamique (EI) ont lancé mardi des contre-attaques dans le nord de la Syrie pour tenter de bloquer l'offensive de l'alliance kurdo-arabe épaulée par les pays occidentaux, notamment les Etats-Unis.

L'EI cherche à freiner l'avancée des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui encerclent progressivement Raqa, sa capitale de facto en Syrie depuis 2014.

Elles se trouvent au point le plus proche à 8 km de la capitale provinciale et à 18 et 29 km dans les autres directions.

"Les batailles font rage sur tous les fronts autour de Raqa, accompagnées de raids incessants de la coalition" internationale menée par Washington, a indiqué à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) Rami Abdel Rahmane.

"La majorité des accrochages sont dus aux contre-offensives de l'EI. Si les jihadistes n'ont pas avancé, leur objectif est de mener une guerre d'usure pour éreinter leurs adversaires notamment autour de l'aéroport de Tabqa", à 55 km à l'ouest de Raqa, a-t-il dit.

900 combattants de l'EI venant de Raqa ont pour cela été déployés sur tous les fronts autour de cette ville, selon lui.

L'EI a confirmé avoir lancé des opérations de guérilla dans l'est de la province. Les jihadistes "ont mené un assaut avec des armes légère contre les apostats et sont revenus saufs à leur base", selon sa radio al-Bayan.

Les combattants kurdes et arabes s'étaient emparés dimanche de l'aéroport militaire de Tabqa mais ne sont pas parvenus jusqu'à la ville éponyme, à 3 km plus au nord, qui reste toujours aux mains de l'EI.

"Le front de Tabqa reste le plus important et les affrontements se déroulent autour de la ville et autour de l'aéroport", a précisé l'OSDH.

En revanche, un journaliste de l'AFP, qui se trouvait mardi avec les FDS à l'accès nord de cet immense complexe, a indiqué que la situation y était calme en dehors de tirs sporadiques d'obus.

Les FDS y renforçaient leurs positions grâce à l'appui de la coalition internationale, qui intervient dans les airs mais aussi au sol. Ainsi le journaliste de l'AFP a vu des véhicules blindés portant des plaques d'immatriculation des Marines américains et d'autres soldats qui étaient selon les FDS des Britanniques.

- le barrage examiné -

Après une brève pause lundi dans les combats afin de permettre à des techniciens d'entrer dans le complexe, les combats ont repris, a indiqué une porte-parole des FDS, Jihan Sheikh Ahmad.

"L'EI a massé des troupes et attaqué nos forces dans le secteur, ce qui a nous a contraint à riposter et à reprendre les opérations pour libérer le barrage", a-t-elle dit.

En février, l'ONU avait tiré la sonnette d'alarme sur la montée de l'eau, craignant "des inondations à grande échelle sur Raqa et dans (la province de) Deir Ezzor" si le barrage était endommagé par des raids aériens.

Mardi, le journaliste de l'AFP a vu trois techniciens accompagnés par le Croissant rouge syrien examiner le barrage et évaluer le niveau de l'eau.

"Les explosions et les combats menacent le barrage et nous demandons à toutes les parties de se tenir à distance", a indiqué à l'AFP Ismaïl Jassem, un ingénieur du barrage de Techrine, qui se trouve dans la province d'Alep. "Le niveau de l'eau actuellement est acceptable. Nous sommes venus ouvrir une vanne afin de réduire la pression".

Trois barrages se trouvent sur la partie syrienne de l'Euphrate: Baas, Techrine et Saoura, surnommé aussi barrage de Tabqa. Ce dernier a une capacité de 14,1 km3, de quoi engloutir la vallée de l'Euphrate jusqu'à Deir Ezzor s'il cédait, selon le géographe français Fabrice Balanche. Quelque 100.000 personnes, en majorité sunnites, habitent autour du barrage et à Tabqa.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.