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Syrie: l'armée turque aux abords d'Afrine, bastion d'une milice kurde


Samedi 10 mars 2018 à 15h53

Beyrouth, 10 mars 2018 (AFP) — L'armée turque et des groupes rebelles syriens alliés ont atteint samedi après-midi les abords de la ville d'Afrine, bastion de la milice kurde des YPG qu'Ankara veut chasser de sa frontière, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

La Turquie mène depuis le 20 janvier une offensive contre les Unités de protection du peuple (YPG), qualifiées de "terroriste", dans l'enclave kurde d'Afrine, une région du nord-ouest de la Syrie dans la province d'Alep.

"Les forces turques se trouvent désormais aux abords de la ville d'Afrine, après avoir pris le contrôle de la Brigade 135", un camp d'entraînement des YPG, selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

"Elles se trouvent à moins de deux kilomètres d'Afrine, au nord-est de la ville" où les combats se poursuivent ainsi que les bombardements aériens et à l'artillerie, a-t-il précisé.

L'OSDH fait état également de "violents combats sur d'autres fronts où les forces turques et leurs alliés tentent d'avancer pour pouvoir encercler la ville".

Les groupes rebelles proturcs ont de leur côté fait état de la conquête d'une colline "surplombant" la partie orientale de la ville d'Afrine.

Vendredi, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait affirmé que les forces turques pouvaient entrer "à tout moment" dans Afrine.

Les soldats turcs et leurs supplétifs syriens avaient capturé jeudi la localité de Jandairis, située à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest d'Afrine.

Selon l'OSDH, les forces turques contrôlent désormais plus de 60% de l'enclave d'Afrine.

L'offensive turque a coûté la vie à plus de 200 civils, selon l'Observatoire. L'armée turque nie en bloc et affirme prendre "toutes les précautions" pour éviter de toucher les populations.

Plus de 370 combattants kurdes ont également été tués ainsi que 340 membres des forces proturques, selon la même source.

Selon l'état-major turc, 42 soldats turcs ont été tués dans les combats.

Les observateurs estiment qu'un assaut sur Afrine pourrait avoir des conséquences désastreuses pour les milliers de civils qui s'y trouvent encore.

Par ailleurs, un assaut serait ardu, de nombreux éléments des YPG étant retranchés dans la ville.

Les combattants kurdes ont d'ailleurs annoncé cette semaine le redéploiement de 1.700 des leurs dans la région d'Afrine. Le régime syrien a d'autre part envoyé des hommes dans la région pour soutenir les YPG.

"Les forces du régime ont déployé des défenses anti-aériennes dans la région pour protéger les secteurs qu'il contrôle au nord de la ville d'Alep", a indiqué le directeur de l'OSDH.

Le président Erdogan a affirmé samedi que son offensive serait étendue en direction de la frontière irakienne et notamment de la ville kurde symbolique de Kobané.

Une fois Afrine "nettoyée des terroristes, nous nettoierons aussi Minbej, Aïn al-Arab (nom arabe de Kobané, ndlr), Tal Abyad, Ras al-Aïn et Qamichli", a déclaré le président turc dans un discours télévisé prononcé à Mersin, dans le sud de la Turquie.

L'offensive turque a renforcé les tensions entre Ankara et Washington, qui considère les combattants kurdes syriens comme le meilleur rempart contre le groupe Etat islamique en Syrie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.