Mardi 22 novembre 2022 à 16h28
Qamichli (Syrie), 22 nov 2022 (AFP) — Un drone turc a bombardé mardi en Syrie une base conjointe des forces kurdes et de la coalition internationale antijihadiste menée par les Etats-Unis, faisant deux morts, ont indiqué les forces kurdes et une ONG, les forces américaines affirmant ne pas avoir été en danger.
Appuyées par la coalition internationale menée par les Etats-Unis, les Forces démocratiques syriennes (FDS, une alliance dominée par les Kurdes) ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) chassé de ses fiefs en Syrie en 2019.
Des centaines de soldats de la coalition internationale, notamment américains, sont toujours déployés dans les zones sous contrôle kurde dans le nord de la Syrie, pays morcelé en raison de la guerre déclenchée en 2011.
"Une base commune de planification et de lancement d'opérations conjointes contre le groupe jihadiste Etat islamique a été visée par un drone turc" dans un secteur au nord de la ville de Hassaké dans le nord-est syrien, a déclaré à l'AFP Farhad Shami, un porte-parole des FDS.
Selon lui, deux combattants des FDS ont péri dans la frappe et trois ont été blessés.
Le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) a indiqué cependant de son côté qu'"aucun lieu accueillant du personnel américain n'a été touché par des frappes".
"Les forces américaines n'ont pas été en danger", a-t-il ajouté dans un courrier électronique adressé à l'AFP, précisant que "les frappes les plus proches avaient eu lieu à au moins 20-30km".
"Nous nous opposons à toute action militaire qui déstabilise la situation en Syrie", a indiqué Joe Buccino, porte-parole du Centcom.
"Ces actions menacent nos objectifs communs, y compris la bataille continue contre l'EI pour s'assurer que le groupe ne puisse jamais réapparaître et menacer la région", a-t-il ajouté.
La Turquie qualifie de "terroriste" la principale composante des FDS, les YPG (Unités de protection du peuple) qu'elle considère comme une extension des rebelles kurdes turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Selon M. Shami, le site ciblé était une "base d'opérations" de la coalition internationale et des FDS, à 25 kilomètres au nord de la ville de Hassaké, sans préciser son emplacement exact.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a confirmé que la base conjointe avait été touchée, de même que la mort de deux combattants.
La frappe de drone est intervenue trois jours après le lancement par l'aviation turque de l'opération "Griffe Epée" avec une série de raids aériens samedi soir et dimanche avant l'aube qui ont visé des positions du PKK et des YPG dans le nord de la Syrie et de l'Irak voisin.
L'opération turque a été lancée une semaine après un attentat meurtrier le 13 novembre à Istanbul, attribué par Ankara aux YPG et aux rebelles du PKK, qui ont nié toute responsabilité.
Mardi matin, les FDS avaient appelé les Etats-Unis et la Russie, alliée du gouvernement syrien, à oeuvrer pour une désescalade après les raids meurtriers de la Turquie contre ses combattants et des menaces turques d'une opération terrestre.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.