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Syrie: des milliers de Kurdes aux funérailles de victimes d'un groupe proturc


Mardi 21 mars 2023 à 11h46

Jandairis (Syrie), 21 mars 2023 (AFP) — Des milliers de Kurdes ont participé mardi aux funérailles de quatre civils tués la veille dans le nord de la Syrie par des combattants proturcs alors qu'ils célébraient la fête de Norouz, selon un correspondant de l'AFP.

Brandissant des drapeaux kurdes, les participants aux funérailles, dans la localité de Jandairis, proche de la frontière avec la Turquie, ont conspué les groupes proturcs qui contrôlent cette région.

Des combattants proturcs avaient ouvert le feu lundi sur une famille kurde qui avait allumé un feu pour célébrer Norouz, une fête marquant le début du printemps, tuant quatre civils et en blessant trois autres.

"Mes enfants (...) sont morts sans raison", a affirmé en pleurant Koli Meho, 70 ans, qui a perdu ses trois fils et son petit-fils.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les auteurs des tirs sont des membres d'Ahrar al-Charkiya, un groupe comptant des jihadistes, placé en 2021 sur la liste des sanctions américaines en raison d'exactions contre la population locale.

Des habitants ont affirmé à l'AFP que les auteurs des tirs étaient membres d'un groupe dissident de cette formation, Jaych al-Charkiya.

"Nous manifestons contre les groupes proturcs qui ne nous laissent pas nous déplacer librement et vivre en sécurité", a affirmé Abou Jan, 42 ans, qui prenait part aux funérailles.

"Ils nous traitent comme des citoyens de quatrième ou cinquième zone, c'est notre droit de célébrer Norouz", a-t-il ajouté.

Dans un tweet, Elham Ahmad, une responsable de l'administration kurde qui contrôle des zones situées plus à l'est, a appelé "l'ONU et les organisations de défense des droits de l'homme à enquêter" sur le drame et "en sanctionner les responsables".

"La Turquie et les factions terroristes qu'elle soutient sont responsables de crimes contre l'humanité" dans ces régions, a-t-elle ajouté.

Une trentaine de groupes proturcs se partagent le contrôle d'une zone frontalière où vivent quelque 1,1 million d'habitants et sont accusés d'exactions, dont des arrestations arbitraires et la confiscation de terres et de biens.

De nombreux habitants kurdes ont fui cette région après sa prise de contrôle par les groupes proturcs en 2018 à la faveur d'une offensive d'Ankara.

Le conflit en Syrie est entré ce mois-ci dans sa 13e année avec plus de 500.000 morts, plusieurs millions de déplacés et une profonde crise économique et humanitaire.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.