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Syrie: décapitations et autres meurtres dans le camp d'Al-Hol, 14 morts (responsable)


Lundi 8 février 2021 à 16h36

Beyrouth, 8 fév 2021 (AFP) — Au moins 14 personnes ont été tuées depuis début 2021, dont trois par décapitation, dans le camp d'Al-Hol qui abrite notamment des familles de jihadistes du groupe Etat islamique (EI) dans le nord-est de la Syrie, a indiqué lundi un responsable local.

Les Nations unies ont maintes fois mis en garde contre des menaces sécuritaires dans ce camp tenu par les forces kurdes, qui accueille quelque 62.000 personnes, dont plus de 80% sont des femmes et des enfants d'après l'ONU.

Outre des Syriens et des Irakiens qui ont fui les combats ayant mis fin à l'autoproclamé "califat" de l'EI en 2019, le camp abrite des milliers de femmes étrangères et leurs enfants -- des familles de jihadistes originaires notamment d'Europe ou d'Asie.

"Jusqu'ici, 14 personnes ont été tuées dans le camp d'Al-Hol depuis début 2021", a indiqué à l'AFP Cheikhmous Ahmed, responsable au sein de l'Administration semi-autonome kurde en charge des déplacés.

Il a fait état de "trois décapitations" mais également d'exécutions par balle à l'aide d'armes munies "de silencieux".

Parmi les victimes, tous des résidents du camp, figurent dix Irakiens et quatre Syriens, précise le responsable, qui pointe "les cellules de l'EI dans le camp".

Celles-ci prennent pour cible "ceux qui coopèrent avec l'administration", dans l'objectif de "semer le chaos et la peur", explique-t-il.

Une source humanitaire avait récemment évoqué des tensions tribales à l'origine de certains meurtres.

Fin janvier, l'ONU avait rapporté 12 meurtres à Al-Hol, tirant la sonnette d'alarme sur "un environnement sécuritaire de plus en plus intenable".

Le camp a connu plusieurs incidents impliquant parfois des partisans de l'EI, notamment des tentatives d'évasion et des attaques contre des gardes ou des employés d'ONG.

"Des cas de radicalisation, de formation, de collecte de fonds et d'incitation à des opérations extérieures ont été signalés", a prévenu l'ONU début février dans un nouveau rapport sur l'EI et Al-Qaïda.

"Certains détenus perçoivent al-Hol comme le dernier vestige du +califat+", souligne le rapport, selon lequel environ 10.000 femmes et enfants étrangers vivent dans une annexe qui leur est réservée.

"Certains mineurs seraient endoctrinés et préparés pour devenir de futurs combattants" de l'EI, avertit le rapport. "Le nombre de gardiens a baissé de 1.500 à la mi-2019 à 400 à la fin de 2020".

Les autorités kurdes appellent régulièrement les pays concernés à rapatrier femmes et enfants.

Cependant, la plupart des pays, notamment européens, rechignent à reprendre leurs citoyens. Certains, dont la France, ont rapatrié un nombre limité d'enfants orphelins de jihadistes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.