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Syrie: combats entre forces kurdes et jihadistes, 123 morts en 4 jours


Dimanche 23 janvier 2022 à 09h30

Hassaké (Syrie), 23 jan 2022 (AFP) — Déclenchés par un assaut majeur jihadiste contre une prison en Syrie, des affrontements entre combattants du groupe Etat islamique (EI) et forces kurdes se poursuivent pour le quatrième jour consécutif et ont fait 123 morts selon une ONG.

Des milliers de civils ont été déplacés par les combats qui ont lieu dans et autour de la prison de Ghwayran (nord-est), l'une des plus grandes abritant des jihadistes en Syrie, et gardée par les forces kurdes.

Depuis l'assaut contre la prison lancé jeudi soir par quelque 100 combattants de l'EI pour libérer leurs camarades, "77 jihadistes et 39 combattants kurdes ont été tués", de même que "sept civils", a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Cette attaque est la plus importante depuis que l'EI a été vaincu en 2019 en Syrie, pays en guerre, par les Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les forces kurdes, et soutenues par la coalition internationale antijihadistes dirigée par les Etats-Unis.

Des milliers de jihadistes sont détenus dans le nord et le nord-est du pays, territoires aux mains des autorités Kurdes. Le groupe parvient cependant toujours à mener des attaques meurtrières grâce à des cellules dormantes.

La prison, située dans la ville de Hassaké, abrite quelque 3.500 membres présumés de l'EI parmi lesquels des dirigeants du groupe extrémiste, selon l'OSDH.

- Fuite de civils -

Les assaillants ont réussi à s'emparer d'armes et à libérer des jihadistes. Des centaines des évadés ont pu être rattrapés mais des dizaines seraient encore en fuite, a indiqué l'OSDH.

Dimanche, les combats se sont poursuivis, les forces kurdes étant soutenues par l'aviation de la coalition internationale.

Les Etats-Unis ont condamné cette attaque, rappelant que l'EI tentait de libérer les jihadistes depuis plus d'un an.

"C'est grâce à leur diligence et leur compétence que les FDS et les forces de la coalition anti-EI ont pu déjouer plusieurs attaques pendant cette période et qu'elles ont pu limiter la gravité de celle-ci", a indiqué le département d'Etat.

Les combats ont eu lieu dans des quartiers situés au nord de la prison, et les FDS ont saisi des ceintures explosives, des armes et des munitions.

Un correspondant de l'AFP a vu samedi des combattants kurdes mener des raids dans des maisons situées près de la prison pendant que des hélicoptères de la coalition survolaient les environs.

Les violences ont déclenché une fuite de civils dans un froid glacial.

"Des milliers de personnes ont quitté leurs maisons près de la prison, fuyant vers les zones voisines où vivent leurs proches", a déclaré à l'AFP Sheikhmous Ahmed, un responsable de l'administration de la région kurde autonome.

- "Meilleure opportunité" -

Selon Nicholas Heras, du Newlines Institute à Washington, "les évasions de prison représentent la meilleure opportunité pour l'EI de retrouver sa force (...) et la prison de Ghwayran est une bonne cible car elle est surpeuplée".

De nombreuses prisons aux mains des Kurdes étaient à l'origine des écoles et sont donc mal adaptées pour garder des détenus sur le long terme.

Selon les autorités kurdes, quelque 12.000 jihadistes de plus de 50 nationalités sont détenus dans leurs prisons.

Pour Abdelkarim Omar, haut responsable de la politique étrangère de l'administration kurde, l'attaque de l'EI contre la prison de Ghwayran est due à "l'incapacité de la communauté internationale à assumer ses responsabilités".

Les Kurdes réclament en vain le rapatriement de milliers de prisonniers jihadistes qui ont des nationalités européennes ou autres.

Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie s'est complexifiée au fil des ans avec l'implication de puissances régionales et internationales et la montée en puissance des jihadistes.

Le conflit a fait environ 500.000 morts, dévasté les infrastructures du pays et déplacé des millions de personnes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.