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Syrie: attentat suicide dans une région kurde, le souk d'Alep brûlé


Dimanche 30 septembre 2012 à 14h55

ALEP (Syrie), 30 sept 2012 (AFP) — Un attentat suicide meurtrier à la voiture piégée a frappé dimanche la ville à majorité kurde de Qamichli, tandis que les combats entre armées et rebelles secouaient sans relâche le pays, en particulier à Alep où le souk historique de la ville a brûlé.

L'attentat de Qamichli a fait au moins 4 morts et plusieurs blessés selon la télévision d'Etat syrienne, qui n'a pas précisé la cible de l'attaque.

Le chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, a fait état d'un bilan d'au moins 8 morts et plus de 15 blessés parmi les forces de l'ordre, ajoutant qu'il s'agissait du premier attentat de ce genre dans cette ville.

Les comités locaux de coordination (LCC), un groupe formé de militants anti-régime, ont évoqué de leur côté une "énorme explosion" et un incendie "dans un complexe de la Sécurité" à Qamichli, située à 680 km au nord-est de Damas, dans la province de Hassaka.

Cette ville est habitée en grande majorité par des Kurdes qui se sont prudemment engagés dans la révolte contre Damas, cherchant surtout à tenir leur région à l'abri des violences.

Selon M. Abdel Rahmane, l'armée s'est retirée il y a plusieurs mois des régions kurdes du nord et le bâtiment visé par l'attentat est le siège principal de la Sécurité pour l'ensemble de la zone kurde. L'Armée syrienne libre (ASL), principale composante de l'opposition armée, n'est pas présente dans cette région qui ne compte que quelques groupes rebelles autonomes.

A Alep (nord), une partie du souk classé au patrimoine de l'humanité par l'Unesco a été détruite par les flammes à Alep, samedi, quand les rebelles ont tenté de s'infiltrer dans cette zone tenue par l'armée, provoquant des affrontements à la mitrailleuse lourde.

Les boutiques aux portes de bois, remplies d'étoffes et de broderies, se sont rapidement consumées. Cinq de la vingtaine de marchés formant le grand souk, comme le souk des femmes, celui de l'or ou encore des abayas, ont été entièrement détruits.

Dimanche, l'épaisse fumée noire s'était dissipée dans les ruelles du souk mais l'armée empêchait les commerçants de se rendre sur place pour évaluer les dégâts et des échanges de tirs résonnaient encore, selon des commerçants interrogés par l'AFP.

Dans la matinée, l'armée bombardait toujours plusieurs secteurs d'Alep, deuxième ville de Syrie en proie à des combats acharnés depuis plus de deux mois, qui se sont intensifiés depuis jeudi.

Véritables difficultés économiques

Les violences ont aussi touché les provinces de Deraa (sud), Idleb (nord-ouest), Hama (centre) et Deir Ezzor (est), cibles de bombardements intensifs de l'armée contre les rebelles, selon l'OSDH, qui s'appuie sur un réseau de militants sur le terrain.

A l'ouest de Damas, neuf soldats ont été tués dans une attaque rebelle contre un barrage militaire, a ajouté l'OSDH.

Dans la capitale même, les corps de huit hommes qui avaient disparu lors d'une opération de l'armée ont été retrouvés dimanche près de l'hôpital militaire Techrine, dans le quartier de Barzé.

Selon l'OSDH, les violences ont fait 118 morts samedi à travers le pays, dont 48 civils. Cette ONG chiffre à plus de 30.000 le nombre de personnes, en majorité civiles, ayant péri en Syrie depuis le début de la révolte en mars 2011.

Alors qu'aucune issue au conflit n'est en vue en raison des divisions de la communauté internationale, le représentant à Damas de l'émissaire international Lakhdar Brahimi, Mokhtar Lamani, a rencontré le colonel Qassem Saadeddine, porte-parole en Syrie de l'ASL, dans la province de Homs (centre), a déclaré dimanche à l'AFP un responsable de l'ONU.

M. Brahimi avait effectué à la mi-septembre une visite de quatre jours à Damas. Le président syrien Bachar al-Assad lui avait signifié qu'il ne comptait pas cesser sa guerre contre les rebelles, tandis que des chefs de la rébellion lui avaient dit via Skype que le régime ne tomberait que "par la force".

Le chef de la diplomatie irakienne, Hoshyar Zebari, a estimé que le régime de M. Assad avait "la capacité de se maintenir encore" mais qu'il était "confronté à de véritables difficultés, en particulier économiques, en termes de réserves en devises et non de sécurité".

"Selon nos informations, les réserves en devises (de Syrie) sont tombées à leur plus bas niveau, à 5 ou 6 milliards de dollars", a-t-il expliqué dans un entretien publié dimanche par le quotidien arabe Al-Hayat.

M. Zebari aussi assuré que son pays était "déterminé" à soumettre les avions iraniens se rendant en Syrie à des fouilles, réclamées par les Etats-Unis. Téhéran, soutien indéfectible de Damas, a toujours assuré que son aide restait humanitaire.

En Turquie, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a appelé sans ménagement la Russie, la Chine et l'Iran à mettre un terme à leur soutien au régime de Damas. "L'histoire ne pardonnera pas ceux qui se sont mis du côté de ces régimes cruels", a-t-il lancé lors d'une allocution à un congrès de son Parti de la justice et du développement (AKP).

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.