Lundi 19 février 2018 à 16h29
Amman, 19 fév 2018 (AFP) — Le chef de la diplomatie turque a mis en garde lundi contre toute intervention de forces progouvernementales syriennes aux côtés des milices kurdes à Afrine, affirmant qu'elle n'empêcherait pas Ankara d'y poursuivre son offensive.
Le ministre Mevlüt Cavusoglu réagissait lors d'une conférence de presse à Amman à l'arrivée imminente, annoncée par un média d'Etat syrien, de forces progouvernementales dans la région d'Afrine pour contrer l'offensive turque contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).
"Si le régime entre pour protéger les YPG, personne ne pourra arrêter la Turquie ou les soldats turcs. Cela est valable pour Afrine, pour Minbej, et pour l'est de l'Euphrate", a déclaré M. Cavusoglu en se référant à d'autres zones en Syrie où les YPG sont présentes.
"Si le régime entre pour nettoyer (la région) du PKK/YPG, il n'y a pas de problème", a-t-il ajouté.
Ankara accuse les YPG d'être la branche en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux.
L'agence officielle syrienne Sana avait annoncé plus tôt que "les forces populaires allaient arriver à Afrine dans les prochaines heures pour soutenir ses habitants contre l'attaque du régime turc".
Située dans le nord-ouest de la Syrie et bordée par la frontière turque, la région d'Afrine est tenue par les YPG, une milice kurde syrienne considérée comme "terroriste" par Ankara mais alliée des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).
L'armée turque, appuyée par des rebelles syriens, y mène depuis un mois une offensive terrestre et aérienne pour chasser les YPG.
En 2012, après le retrait des forces gouvernementales de la zone, Afrine est devenue la première région kurde en Syrie à échapper au contrôle du régime de Bachar al-Assad et les autorités y ont installé une administration autonome.
La semaine dernière, le commandant des YPG, Sipan Hamo, avait déclaré que ses forces n'avaient "aucun problème" avec une intervention militaire du régime syrien "pour défendre Afrine et sa frontière face à l'occupation turque".
Quelques heures après l'annonce sur l'envoi des forces progouvernementales syriennes à Afrine, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu au téléphone avec son homologue russe Vladimir Poutine dont le pays soutient le régime syrien et contrôle l'espace aérien dans le nord de la Syrie.
Selon des sources présidentielles turques, MM Erdogan et Poutine ont discuté "des derniers développements en Syrie, particulièrement à Afrine et Idleb".
"La question de l'instauration de nouveaux postes d'observation dans la zone de désescalade d'Idleb a également été abordée", ont ajouté les sources.
La province rebelle d'Idleb est la dernière à échapper entièrement au contrôle de Damas. Elle est actuellement dominée par Hayat Tahrir al-Cham, groupe jihadiste dominé par l'ex-branche locale d'Al-Qaïda, ainsi que par plusieurs groupes rebelles.
Lors de pourparlers à Astana l'année dernière, la Turquie, soutien des rebelles syriens, et l'Iran et la Russie, alliés du régime, s'étaient mis d'accord sur la création de zones de "désescalade" censées contribuer à réduire les violences en Syrie, pays déchiré par un conflit depuis 2011.
Six postes d'observation turcs ont déjà été établis à Idleb en application de l'accord.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.