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Sur les murs d'Erbil, l'amour, l'amour et encore l'amour


Dimanche 26 juillet 2020 à 09h53

Erbil (Irak), 26 juil 2020 (AFP) — "Néron a brûlé Rome et Nermine a mis le feu à mon coeur": dans des recoins peu fréquentés d'Erbil, dans le nord de l'Irak, des Kurdes irakiens ont décidé de déclarer leur flamme sur les murs, dernier refuge où exprimer son amour dans une société conservatrice.

D'une écriture maladroite à la bombe de peinture bleue, l'un d'eux compare sa bien-aimée à l'empereur romain ayant perdu la raison. D'autres, à grand renfort de coeurs, célèbrent le nom de leur amour ou l'anniversaire de leur histoire.

"J'espère que tu seras mon amour encore beaucoup d'années, Ala Ziad", est-il écrit, sous un pont, dans des culs-de-sac ou près de terrains vagues abandonnés d'Erbil, capitale d'un Kurdistan irakien tiraillé entre traditions et modernité.

Car dans la région d'apparence la plus ouverte d'Irak, avec ses gratte-ciel, ses hôtels et autres cafés qui ont fleuri comme des champignons à Erbil ou Souleimaniyeh, les tabous sont les mêmes qu'ailleurs au Moyen-Orient.

L'expression des sentiments en public est mal vue et les militants des droits des femmes dénoncent pêle-mêle excision, mariages forcés ainsi que le poids des traditions qui pèsent sur les jeunes amoureux.

Des traditions kurdes ou musulmanes que certains n'hésitent pas non plus à détourner pour écrire leur amour sur les murs d'Erbil.

"Si j'aimais Dieu autant que je t'aime, il m'aurait envoyé à l'humanité comme son prophète", lit-on ainsi sur un mur.

Tout aussi romantiques mais surtout bien plus politiques, certains graffitis parlent de la grande cause régionale: celle des Kurdes en Syrie voisine, toujours déchirée par la guerre qui a poussé des milliers d'entre eux à venir s'installer au Kurdistan d'Irak.

"Dans tes yeux, je vois le monde entier. C'est comme si j'étais à Damas", peut-on lire sur un graffiti au bleu profond passé. Un autre célèbre Kobané, ville kurde de Syrie dont le monde entier a suivi la reprise par les forces kurdes aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI) en 2015.

Autant de déclarations d'amour qui sont désormais gravées. Et exposées au regard de tous.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.