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Sur le front en Syrie, Chawakh est impatient de retrouver sa ville Raqa


Dimanche 6 novembre 2016 à 22h12

Ain Issa (Syrie), 6 nov 2016 (AFP) — Pour Chawakh Gharib l'heure de la revanche a sonné. Avec le début de l'offensive pour prendre Raqa (nord), ce combattant syrien sent que son rêve va se réaliser: rentrer dans sa ville natale qu'il a fui en 2014, à l'arrivée du groupe Etat islamique (EI).

Le visage mangé par une barbe foncée, la tête ceinte d'un foulard noir et une cartouchière en treillis, cet homme de 25 ans, est posté près de Aïn Issa, une localité du nord de la Syrie où les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance kurdo-arabe, ont établi un centre opérationnel.

"Je suis super heureux. Tous mes compagnons d'armes sont de Raqa, je ne peux pas vous décrire ce que je ressens. Nous voulons prendre Raqa à l'EI, ces oppresseurs, ces infidèles qui n'ont rien à voir avec l'islam, qui ne savent rien de l'islam", dit-il avec enthousiasme à un correspondant de l'AFP.

Située sur les bords du fleuve Euphrate dans le nord de la Syrie, Raqa avait été transformée en "ville modèle du califat", l'EI y commettant de nombreuses atrocités.

Chawakh fait partie des 30.000 hommes et femmes --kurdes, arabes et turkmènes syriens-- engagés dans l'opération "Colère de l'Euphrate" déclenchée dimanche à partir de trois axes pour encercler la "capitale de facto" de l'EI en Syrie.

Ces forces sont soutenues par une coalition internationale antijihadiste conduite par les Etats-Unis.

"Notre seul désir c'est d'entrer à Raqa. Notre moral est haut. Les forces américaines viennent nous aider, tout est disponible: des mitrailleuses (russes) PKC, des fusils-mitrailleurs, de l'artillerie", ajoute-t-il.

Dans ce paysage rocailleux et désertique, sur un butte de terre, des combattants des FDS et près d'une vingtaine de soldats occidentaux, scrutent à la jumelle les positions de l'EI, distantes de quelques km, afin de déterminer les cibles potentielles à frapper pour l'aviation de la coalition.

- Combattants étrangers 'invités' -

Dans le ciel, le vrombissement des avions militaires est incessant. Les positions de l'EI sont visibles. Une fumée noire s'élève au loin. Un combattant affirme qu'il s'agit probablement d'une voiture piégée de l'EI qui a explosé.

Près d'un véhicule tout terrain rempli de matériel et d'armes, quatre soldats s'affairent dont un porte sur son casque un écusson américain. Un soldat portant des lunettes noires et parlant français tient à la main un drone.

Il échange quelques mots dans cette langue avec le correspondant de l'AFP, lui affirmant: "ça va bien".

Les membres des FDS ont demandé aux journalistes de l'AFP de ne pas s'approcher des autres soldats car il s'agit d'"invités".

Revenant du front, des combattants portant des lance-roquettes RPG ou des armes légères boivent le thé pendant une pause. Des femmes en treillis discutent avec leurs compagnons d'armes.

"Il y a des accrochages en différents endroits. Tout se déroule très bien jusqu'à présent", assure en kurde Diljin Kobani commandante locale des Unités de protection du peuple kurde (YPG) ossature des FDS.

"Ils (les jihadistes de l'EI) ont envoyé jusqu'à présent quatre véhicules piégés, nous en avons détruit deux, le kamikaze conduisant le troisième s'est fait exploser sur un terrain vague et le dernier a été touché et a fait marche arrière", ajoute-t-elle.

"Pour le monde, Raqa a une grande importance, et c'est pour ça que les forces de la coalition nous aident et nous soutiennent dans cette campagne", souligne la commandante kurde.

Mossoul et Raqa sont les deux dernières grandes villes encore contrôlées par l'EI. Ce groupe ultraradical sunnite a perdu une grande partie des territoires qu'il avait conquis en 2014 en Syrie et en Irak.

Talal Sello, porte-parole des FDS basé à Hassaké (nord-est) a affirmé à l'AFP par téléphone que l'opération allait se dérouler "en deux étapes: libérer la province de Raqa pour isoler la ville, puis contrôler la ville".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.