Jeudi 19 septembre 2024 à 17h56
Stockholm, 19 sept 2024 (AFP) — La justice suédoise a inculpé pour génocide une femme de 52 ans pour avoir réduit en esclavage des femmes et des enfants yazidis dans sa maison de Raqqa en Syrie entre 2014 et 2016, a annoncé jeudi une procureure à l'AFP.
Elle a été inculpée de "génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre graves", dans la première enquête menée en Suède pour des crimes commis par le groupe État islamique (EI) contre la minorité kurdophone des Yazidis.
De nationalité suédoise, elle a déjà été condamnée par un tribunal suédois à six ans de prison en 2022 pour avoir permis le recrutement de son fils de 12 ans comme enfant soldat par le groupe jihadiste.
La procureure Reena Devgun a déclaré à l'AFP que lors de l'enquête précédente, ils avaient obtenu des déclarations de témoins "disant qu'elle avait gardé des esclaves à Raqqa", ce qui a incité à poursuivre l'enquête.
Cette femme, selon elle, a contribué par son action aux crimes commis plus largement par l'EI à l'encontre de la minorité yazidie.
"Si vous accueillez des Yazidis dans votre foyer alors que vous êtes un membre de l'EI ou la femme d'un membre de l'EI et que vous les traitez de cette manière, je soutiens que vous participez à ces crimes", a souligné la procureure.
L'accusée a retenu neuf personnes, trois femmes et six enfants qui étaient traités "comme des esclaves" chez elle à Raqqa, ancienne place forte du mouvement jihadiste dans le centre de la Syrie, ajoute-t-elle.
Ces femmes et enfants - qu'elle a retenus entre 20 jours et sept mois - devaient notamment s'occuper des taches ménagères.
Devgun a précisé qu'ils avaient été photographiés, "dans l'intention d'être vendus", selon elle. Les preuves consistent essentiellement en des témoignages des victimes et de personnes qui se sont rendus chez cette femme.
Ces crimes sont passibles de la perpétuité en Suède. Le procès doit débuter le 7 octobre pour au moins deux mois.
Quelque 300 Suédois, dont un quart de femmes, ont rejoint les rangs de l'EI en Syrie et Irak, essentiellement en 2013 et 2014, selon les services de renseignement.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.