Page Précédente

Soulaimaniyah menacé, les responsables luttent pour prévenir toute pandémie


Mercredi 8 février 2006 à 14h28

, 8 fév 2006 (AFP) — Alors que Soulaimaniyah, la plus grande ville du Kurdistan, est menacée par la grippe aviaire, les responsables kurdes luttent d'arrache-pied pour prévenir toute pandémie, achetant même en Europe au marché noir des médicaments antiviraux.

"Nous naviguons à vue. Nous n'avons pas les équipements de laboratoire adéquats pour diagnostiquer la maladie. Les analyses sont effectuées à l'étranger et prennent quinze jours", affirme mercredi Mohammad Khouchnou, le ministre de la Santé de la région autonome de Soulaimaniyah.

Selon lui, outre les deux décès dus au virus mortel H5N1 de la grippe aviaire qui ont été confirmés dans le nord de l'Irak, il existe six cas suspects de la maladie, dont une ou deux personnes qui pourraient avoir été infectés par le H5N1. La veille, il avait affirmé que quatre personnes restaient hospitalisées avec les symptômes de la grippe aviaire.

L'inquiétude plane sur Soulaimaniyah, qui compte un million d'habitants, et sur les localités avoisinantes dans un rayon de 15 km, car elles sont considérées depuis début février comme des zones à risque.

L'appréhension est d'autant plus vive que le lac Darbandikhan, à 80 km au sud-est de la ville, est une étape rêvée pour les oiseaux migrateurs.

L'élimination des volailles "commencée au début du mois à Tass Louja, à 15 km de Soulaimaniyah, touchera bientôt la ville elle-même, et aucune famille ne sera en contact avec des volailles vivantes", a déclaré Tahsine Namek, chef du haut comité de lutte contre la grippe aviaire de Soulaimaniyah.

La montagne de Rania, aux confins de l'Iran et de la Turquie, où est apparue la maladie, est bloquée par un cordon sanitaire. Selon le ministre, trois foyers ont été identifiés à Rania et contenus.

Dans les zones contaminées ou à risque, les autorités ont entrepris "d'abattre les volailles domestiques, de désinfecter les lieux suspects, basses-cours, poulaillers, et d'installer des barrages pour asperger toute voiture en provenance de la zone", affirme le responsable du comité de lutte.

Les régions de Rania et de Qalaat Diza ont été entièrement nettoyées mais il reste encore à finir le travail à Doukane, lieu de villégiature situé au nord (bien nord), selon ce responsable.

Dans les zones jugées saines, des contrôles réguliers sont effectués sur les volailles et dès qu'un test s'avère positif, le secteur est isolé et les volailles sont éliminées sur un rayon de 1.200 mètres. Les régions arrières sont placées sous haute surveillance, a-t-il dit.

Les autorités kurdes luttent avec les moyens du bord, manquant de matériel de laboratoire, de désinfectant. "Nous avons dans l'urgence acheté au marché noir en Europe des médicaments antiviraux, payant quatre fois le prix officiel", confie Mohammad Khouchnou.

Les équipes, en contact avec la maladie, se battent sur le terrain avec des combinaisons inadéquates, perméables et en tissu, et utilisent des gants synthétiques disponibles sur le marché.

Il a souhaité la venue de vétérinaires et d'épidémiologistes ayant l'expérience de pandémies et la fourniture d'un laboratoire spécialisé capable "d'analyser tous les types de grippe aviaire et de déterminer leur souche", mortelle ou non.

Entre-temps, toute personne dont un premier test à la maladie se révèle positif est gardée sous surveillance à l'hôpital.

"Nous ne voulons prendre aucun risque. Un malade qui présente des symptômes et a été en contact avec des volailles est immédiatement hospitalisé", a dit le ministre.

En tout cas, cette campagne, financée par l'administration locale, a grevé son budget, et risque d'avoir de lourdes répercussions économiques.

"Nous sommes les premiers fournisseurs d'oeufs et de poulets de l'Irak. Ces livraisons sont actuellement suspendues, et le manque à gagner se chiffre jusqu'à aujourd'hui à cinq millions de dollars", dit Tahsine Namek.

Il a indiqué que le gouvernement local avait puisé dans son budget un million de dollars pour l'agriculture et un autre pour la santé.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.