Jeudi 20 avril 2006 à 21h57
BAGDAD, 20 avr 2006 (AFP) — Le Premier ministre sortant d'Irak, le chiite Ibrahim Jaafari, s'est dit prêt jeudi à renoncer à sa candidature à la tête du prochain gouvernement, contestée par les Arabes sunnites et les Kurdes, ouvrant ainsi la voie à une sortie de plus de quatre mois de crise politique.
Du coup, le Parlement qui devait se réunir en milieu de journée pour décider des nominations aux neuf postes les plus importants à la tête de l'Etat, a reporté sa réunion à samedi, dans l'espoir d'un accord global sur la question.
"Les groupes politiques se sont mis d'accord, à la demande de l'Alliance unifiée irakienne (AUI, bloc chiite), pour reporter la séance prévue aujourd'hui à samedi soir", a déclaré le député kurde Mahmoud Osmane.
"L'Alliance va décider du choix de son candidat pour le poste de Premier ministre samedi matin", a-t-il ajouté alors qu'un député chiite membre de cette alliance, Hussein al-Chahristani, a précisé qu'il y aurait un vote interne sur un candidat.
"L'instance politique de l'Alliance va désigner un nouveau candidat et appeler à voter pour lui, avant la réunion du Parlement", a-t-il expliqué.
"Il faut que samedi, les noms des neuf postes à la tête de l'Etat soient prêts et soumis au Parlement", a affirmé M. Chahristani, sans annoncer les noms de candidats potentiels.
Le Parlement doit élire le président de la République, le Premier ministre, le président du Parlement, chacun se voyant adjoindre deux vice-présidents.
"Nous espérons pouvoir présenter samedi les noms de tous les candidats aux postes des trois présidences. Nous sommes en train de résoudre la crise, il y a une ambiance nouvelle parmi nous", a assuré le président Jalal Talabani.
L'annonce de la décision de M. Jaafari a été faite par l'un de ses proches, Jawad al-Maliki, le numéro deux de sa formation, le parti Dawa. "Le docteur Jaafari, choisi comme candidat par l'AUI, demande aujourd'hui à ce bloc de décider de sa candidature", a-t-il annoncé.
M. Jaafari lui-même est apparu en fin de soirée sur la télévision publique Iraqia pour confirmer sa décision, disant notamment qu'il revenait à son groupe de "décider en toute liberté" de son candidat.
"Je ne veux pas que mon nom soit associé à une position allant à l'encontre des aspirations du peuple", a-t-il dit, soulignant sa volonté de "continuer à servir ce peuple" de n'importe quel poste.
Le Dawa fait fait partie de la coalition chiite de l'AUI, qui a 128 députés sur 275 au Parlement et qui est en droit de choisir un candidat au poste de Premier ministre.
Mercredi encore, M. Jaafari avait affirmé qu'il n'était pas question pour lui de renoncer à sa candidature, décidée en février lors d'un vote de son groupe qui lui avait donné une voix d'avance sur Adel Abdel Mehdi, actuel vice-président et dirigeant du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII), autre composante de la coalition chiite.
Avant cette annonce, survenue à la suite de nouveaux appels à la formation rapide d'un gouvernement d'union nationale venant notamment du président américain George W. Bush, des sources politiques avaient fait état d'un accord de principe entre Kurdes et sunnites sur les nominations à six des neuf postes à la tête de l'Etat.
Il s'agissait notamment de celles de M. Talabani à la présidence de l'Etat et du sunnite Adnane al-Doulaïmi à celle du Parlement, mais cet accord semble dépassé.
Entre-temps, les violences ont fait de nouvelles victimes.
Douze Irakiens ont été tués dans différentes attaques tandis que six civils ont été enlevés en plein jour dans deux librairies de Bagdad, où les corps de sept personnes exécutées par balles ont été découverts.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.